Tromperie - Andrea Maria Schenkel


Clara m'a ouvert en haut, elle portait un négligé. Elle était contente quand je lui ai offert les chocolats, et elle les a tout de suite apportés à sa mère.
Ensuite nous avons pris le thé et je suis reparti. Elle m'a accompagné en bas, jusqu'à la porte. Comme je le lui avais demandé. Mon Dieu ! C'est la dernière fois que j'ai vu Clara, et elle était encore en vie ! Je le jure sur ce que j'ai de plus sacré !
Hubert Täuscher éclata en sanglots.
(p. 185)

Landshut, Bavière, 1922. Clara Ganslmeier et sa vieille mère sont retrouvées mortes dans leur appartement. L'une sauvagement égorgée, l'autre étouffée dans son sommeil. Rapidement, Hubert Täuscher, le fils d'un industriel respecté, est accusé. Fiancé à Clara mais de dix ans plus jeune qu'elle, il ne fait nul doute pour tous qu'il ne cherchait qu'à profiter et atteindre ainsi richesse et statut social. Car Hubert est le mouton noir de sa famille et un coureur de jupons qui, pour ne rien arranger, ne fréquente pas forcément les bonnes personnes. Notamment un de ses amis, Luck Schinder, voleur connu de la police, et lui aussi arrêté mais accusé de recel de bijoux. En somme, pour le tribunal populaire de Münich, il n'est que le complice de Täuscher; pas le meurtrier. Pourtant, et durant tout le procès qui va suivre, Hubert clamera son innocence mais sans rien expliquer. Il est visiblement terrorisé. Que s'est-il réellement passé ?

- Tout ça n'est que mensonges, pure invention. Elle est folle !
Luck Schinder secoue la tête avec un ricanement sarcastique.
- C'est la vérité, je le jure devant Dieu ! Il a toujours été violent. Il m'a menacée à plusieurs reprises, j'ai des témoins. C'est pour ça que je suis partie.
- Est-ce que je dois vraiment écouter ça, monsieur le juge ? Elle ment comme elle respire.

(...)
- Quand je suis partie, il a dit qu'il me tuerait s'il me retrouvait. Il m'a envoyé deux de ses copains qui m'ont suivie. Luck est capable de tout, et tous ses amis sont de la même trempe. A la fin, j'avais peur d'être seule avec lui, et aujourd'hui encore, j'appréhende de le croiser. C'est un sentiment dont je ne me débarrasserai plus jamais. (p. 125)

Andrea Maria Schenkel (née en 1962) s'est fait connaître avec La ferme du crime, un roman qui s'inspire d'un crime jamais résolu dans une ferme bavaroise dans les années 20. Une "recette" qu'elle a repris plusieurs fois et qu'elle manie avec talent, ne se contentant pas d'un simple "récit historique" mais lui apportant de vraies qualités littéraires. Alternant les points de vue entre les différents protagonistes, j'avoue toutefois que je reste cette fois-ci un peu sur ma faim; tout n'est pas explicité, un flou subsiste, l'intrigue n'est pas non plus la plus prenante que j'ai lue. Si vous suivez le blog, vous aurez remarqué que j'ai récemment lu un autre roman de Schenkel, l'excellent Bunker que je vous recommande encore vivement, de même que La ferme du crime (non chroniqué) ou, dans un autre genre, Le bracelet.

(éd. Actes Sud / coll. Actes noirs, Täuscher traduit par Stéphanie Lux, 224 pp., 2020)

Commentaires

J'avais lu et beaucoup apprécié à l'époque "Kalteis", un roman assez minimaliste dans le style et très réussi ! (Patrice - Et si on bouquinait?)
lewerentz a dit…
Bonjour et tout d'abord merci pour votre passage sur le blog. Vous souvenez-vous de l'auteur de "Kalteis"; ça pourrait m'intéresser.
lewerentz a dit…
Oh mais je viens de comprendre que c'est le titre original de "Un tueur à Münich", le seul roman de l'auteur que je n'ai pas lu.
Ingannmic, a dit…
La démarche de l'auteur m'intéresse, mais du coup je note plutôt les titres que tu mentionnes en fin de billet, je vais d'ailleurs aller lire ton avis sur les deux que tu as chroniqués ..
Karine a dit…
Bon...je lirai autre chose de l'auteur pour découvrir alors!
lewerentz a dit…
Ingannmic, Karine : si ce n'est avec celui-ci, ça reste une auteur à découvrir et j'espère que vous tenterez.

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