Séduction - Catherine Gildiner
-->
Franchement, je suis surprise de n’avoir pas lu plus d’articles
sur ce roman, sur les blogs. Je ne prétends pas qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre,
mais je l’ai trouvé quand même rudement bon et habile. Et ça démarre très fort avec
les premières phrases :
« J’ai assassiné mon
mari. Pourquoi ? J’ai honte de l’admettre, mais je ne m’en souviens
pas. »
Plutôt fort comme départ, non ? L’histoire ?
Anders Konsak, le directeur de l’institut freudien, prétend
pouvoir prouver que la théorie de la séduction de Freud (théorie authentique
qu’il abandonnera par la suite) n’est pas basée sur des récits de ses patientes
mais sur son propre vécu. Le Dr Gardonne, psychiatre dans une prison pour
femmes, propose à Kate Fitzgerald, incarcérée depuis dix ans pour le meurtre de
son époux et narratrice du récit, d’enquêter sur ce que sait réellement Konsak.
Fille d’une riche famille bien en vue, diplômée en épistémologie et devenue, en
prison, une spécialiste de Freud, Kate accepte car si tout se passe bien,
Gardonne pourrait faire accélérer sa demande de liberté conditionnelle. Elle
doit faire équipe avec Jackie Lawton, un ancien détenu devenu détective privé.
Tous deux partent pour Vienne. Kate dîne avec Konsak mais elle le trouve dans
une mare de sang lorsqu’elle le rejoint chez lui avant une ballade nocturne.
Kate et Jack s’enfuient à Londres où ils poursuivent leur enquête auprès d’Anna
Freud, psychanalyste et fille de. C’est le début d’une enquête entre l’Europe
et l’Amérique du nord.
Il y a du rythme dans ce livre ! Les événements
s’enchaînent, les révélations et les théories freudiennes (authentiques) aussi,
les dialogues sont percutants, bref, ça déménage. Dommage que les 150 dernières
pages s’essoufflent un peu. Mais c’est habile, on apprend plein de choses, bref
c’est un bon thriller.
Extrait :
« Ecoutez, un mec
comme Freud savait qu’il mourrait sous les feux de la rampe, alors il a pris
soin d’enterrer les cadavres de son placard – il en avait des tas, mais nous en
avons tous – dans un endroit où même Sherlock Holmes ne les aurait pas trouvés.
D’après ce que j’ai lu de lui, très peu je vous l’accorde, il a une défense
béton. Il s’est débrouillé pour qu’on ne puisse jamais lui donner tort. Il a
mille et une manières de nous damer le pion si nous n’adhérons pas à sa
théorie : soit nous sommes dans le déni, soit nous refoulons nos désirs
inconscients ou je ne sais quelles balivernes. Il s’entendait à brouiller les
pistes. Vous croyez que ce genre d’homme laisserait des lettres compromettantes
chez lui pour qu’un type tel que Konzak les découvre ?
- La question n’est pas là,
c’est plus compliqué que ça. Ses contemporains, des patients ou des étudiants,
écrivaient des lettres sur leurs échanges avec lui. On ne cesse d’exhumer des
documents révélateurs sur les grands esprits du passé.
- Quoi qu’on sache sur
Freud, il en sait davantage sur nous, si bien qu’on meurt sans avoir ouvert le
bec », conclut Jackie.
Sur ces mots, il ferma son
calepin.
(pp. 73-74)
Catherine Gildiner est née psychologue et vit à Toronto.
(éd. 10-18, 2010)
(photo auteur : site web de l'Université de York, Toronto)
Commentaires