Expo 58 - Jonathan Coe
"Mr Foley ?" demanda une voix anglaise policée. Thomas vit un jeune homme en costume de lin blanc qui descendait les escaliers d'un pas vif, et lui tendit bientôt une dextre ferme et énergique. "Carter. Vraiment navré de ne pas avoir pu vous accueillir à l'aéroport.
- Je vous en prie. J'étais en de bonnes mains."
Anneke le remercia d'un sourire et dit : "Enchantée" à Mr Carter. Puis, se tournant vers Thomas : "Il va falloir que j'y aille. Une voiture viendra vous chercher au British Council à quatre heures, pour vous ramener à l'aéroport. Et, bien sûr, vous aurez une hôtesse pour vous assister dans tous vos déplacements.
- Est-ce que ce sera vous ?" osa Thomas, sans reculer devant le caractère direct de la question.
Anneke détourna les yeux en réprimant un sourire, et se borna à promettre : "Je vais voir si je peux m'arranger."
Les deux hommes couvèrent d'un regard de regret sa silhouette qui s'éloignait et disparaissait dans les arbres. Carter étouffa un sifflement admiratif.
- "Beau châssis. Et vous lui avez fais une forte impression, si je ne me trompe.
- Vous croyez ? Pourtant je n'ai pas, pas cherché à...
- Naturellement. Mais c'est ici le lieu de tous les dangers. Vous ne le sentez pas ? Il pourrait se passer des choses étranges si nous ne gardons pas la tête froide, tous autant que nous sommes." Avant que Thomas ait pu lui demander de préciser sa pensée, Mr Carter éclata de rire et lui administra une tape dans le dos. "Allez, entrez, maintenant. Vous allez voir ce que Le Britannia réserve à ses clients. Avec la mine que vous avez, une bière anglaise de première classe ne vous fera pas de mal." (pp. 69-70)
Excellent ! J'ai beaucoup aimé et surtout retrouvé avec un énorme plaisir la verve caustique et satirique de Testament à l'anglaise, La maison du sommeil ou Le cercle fermé. Cela m'a fait d'autant plus plaisir que j'avais abandonné La pluie avant qu'elle tombe et été moyennement convaincue par La vie très privée de Mr Sim. Bref, Coe est ici en grande forme et ce roman est un très bon cru. Le côté "parodie de roman d'espionnage" me faisait un peu peur (pas du tout mon truc) mais en réalité, c'est le prétexte à plusieurs situations cocasses et cela reste un simple guide pour une partie de l'intrigue.
Highly recommended !
(éd. Gallimard, traduit par Josée Kamoun, 326 pp., 2014)
Commentaires
mon tout premier contact avec coe n'avait pas été des plus positifs, mais je n'abandonne pas cet auteur pour autant
Clara: oui, d'accord avec toi.
Céline: bonne lecture !
Niki: quel titre de coe as-tu lu ?
Est ce que tu l'as lu en anglais?
je trouve qu'il est trop détaché de ses personnages, du coup moi , je n'ai pas réussi à m'y attacher
Luocine
Ben , je me suis ennuyée...
Très beau billet. À bientôt