Une odeur de sainteté - Franck Maubert

source: éditeur

Echouée sur le lit, je me laisse glisser dans le tourbillon giratoire des rêves. Lambeaux de vie, images culbutées, les allégories s'allument dans mon cerveau, oscillent par instant comme le rouge des lueurs d'un métal brûlant. Des flammes difficiles à éteindre. Je la vois danser le corps couvert de cendres. L'absente m'habite, le cœur alourdi. Je sens son parfum de levure. Une autre que moi erre dans moi.

Jeanne est un "nez" et travaille pour de grands parfumeurs. Elle est intriguée lorsqu'un scientifique lui demande d'humer le cœur d'Emérence, une femme qui a vécu au 19e siècle, et qui pourrait être béatifiée. En gros, on lui dit de "sentir la sainteté". Sa mission et son rapport rendu, elle est "imprégnée" de l'odeur d'Emérence et elle commence à avoir d'étranges visions qui la bouleverse. Elle se sent comme possédée. Ni le scientifique ni l'église ne veulent lui en dire beaucoup plus sur cette mystérieuse femme et Jeanne décide de faire ses propres recherches qui la mèneront dans l'Indre.

Un résumé bien intriguant, n'est-ce pas ? L'éditeur nous promet du merveilleux, du mystique et du fantastique. La belle trilogie ! Si la première moitié du livre tient, à mon avis, toutes ces promesses, je suis plus mitigée sur la seconde. J'avais hâte de savoir qui était cette Emérence, ce qui lui était arrivée et au final et bien, c'est un peu "tout ça pour ça". Je ne veux pas en dire plus car ce roman mérite d'être lu. Toutefois, j'ai trouvé la seconde partie brouillonne - les extraits sans ponctuation de textes d'Emérence n'aidant pas. Cela pêche aussi un peu au niveau des personnages sur lesquels j'aurais voulu en savoir plus (Jeanne, mais aussi les personnages secondaires comme le diacre, le scientifique, la tenancière d'un hôtel, le libraire). Jeanne est emportée dans un tourbillon de rêves, transes, visions (je ne sais pas trop comment les nommer) mais sans qu'il en ressorte grand-chose et qui m'ont plus perdue qu'autre chose. Peut-être que le livre est trop court ? Soudain, Jeanne se dit "libérée" d'Emérence mais sans que j'ai exactement compris pourquoi. Cela arrive un peu abruptement, comme si l'auteur ne savait pas comment conclure.

Bref, un livre inégal pour moi; un excellent départ avec une écriture qui m'a plu, puis le flan retombe. Je suis restée sur ma faim (intrigue, psychologie des personnages).

Merci à la personne qui m'a offert ce roman et fait découvrir cet auteur que je ne connaissais pas.

(éd. Mercure de France, 116 pp., 2023)