La blessure - Anna Enquist



Si vous suivez le blog, vous savez déjà que j'aime beaucoup l'auteur néerlandaise Anna Enquist, autant ses romans que ses nouvelles - ce qui n'est pas le cas avec certains auteurs. Je dois cependant avoue que ce recueil m'a moins séduite que Le saut.

Pourtant, l'auteur y aborde comme à son habitude les thèmes qui lui sont chers : la famille, les relations de couple, l'amitié, les fragilités psychologiques. Et le football (si, si) et la mer pour ce recueil. Lorsque je lis des nouvelles, je ne le fais pas nécessairement dans l'ordre; mais j'ai eu la bonne idée de le faire ici. Je dirais que c'est en effet nécessaire pour deux raisons. D'une part, les textes évoluent chronologiquement dans le temps (le premier au 19e s., le dernier de nos jours); d'autre part, certains personnages au centre d'une nouvelle réapparaissent dans une suivante avec un rôle secondaire ou juste une mention.

Sur dix nouvelles, j'en retiens surtout trois :

"Où un seigneur se lave les mains" : une auteur, invitée pour une lecture à Delft, sa ville natale, suit un inconnu après la réception et celui-ci lui dévoile un tableau perdu de Vermeer. Elle en est subjuguée. Au petit matin, l'homme a disparu; la femme rentre chez elle mais, hantée par le tableau, elle décide de rechercher cet homme et retourner sur place - elle veut revoir le tableau. Encore faut-il retrouver la belle maison dans laquelle ils ont passé une nuit passionnée. L'art est un autre des thème récurrents d'Enquist; son texte est ciselé, on le lit comme dans un rêve, les atmosphères sont magnifiquement rendues. J'ai adoré.

"La blessure" : un jeune se fracture le tibia lors d'un match de football. Plâtres, repos, tout semble allez petit à petit mieux. Pourtant les médecins ne sont pas d'accord sur la façon dont les os sont positionnés; faut-il opérer ou non ?

"Cuisine décuplée" : le responsable des finances d'un hôpital psychiatrique est très pris par son travail et ne voit pas que son épouse est en train de retomber dans la dépression, que sa fille, étudiante en musique, ne peut s'exprimer vraiment dans son art car il l'étouffe sans s'en rendre compte, et il n'accepte pas que son fils, étudiant en médecine, vienne faire un stage à la clinique.

Si ce n'est peut-être pas le livre d'Anna Enquist que je recommanderais en premier, cela reste le plaisir d'une très belle écriture.

(éd. Actes Sud, coll. poche Babel, De kwetsuur (1999) traduit par Isabelle Rosselin, 267 pp., 2005)

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