Le week-end - Bernhard Schlink
Dans un récent billet sur "Prises" de Stephan Enter, j'écrivais avoir été déçue par le déroulement de l'intrigue pour laquelle j'avais espéré un "week-end règlement de comptes entre amis".
Et bien, j'ai eu droit à un séance de rattrapage avec le roman de Bernhard Schlink ! Il y met en scène un week-end organisé par Christiane pour la sortie de prison de son frère Jörg, lequel vient de passer vingt ans derrière les barreaux pour terrorisme et meurtres.
Pour fêter cela et tenter de donner le meilleur départ possible à son frère, Christiane a convié quelques anciens amis d'étude : notamment Henner, un journaliste qui aurait trahi Jörg à l'époque, Karin, une pasteur, Ulrich qui dirige plusieurs laboratoires dans le pays, Ilse qui est professeur et écrit un roman dont le personnage principal s'inspire fortement de Jörg, Andreas, avocat, et Marko qui, contrairement aux autres, n'a pas abandonné ses idéaux et le combat et espère bien "relancer la carrière" de terroriste de Jörg. Plus leurs conjoints respectifs et un invité surprise.
Soulagé, il (Jörg) croisa les bras derrière la tête et s'apprêta à faire des projets - comme en prison, où il commençait volontiers ses journées en faisant des projets pour le temps qui viendrait après. Mais maintenant qu'il pouvait non seulement faire des projets, mais les réaliser, il avait du mal. Demander des comptes à Henner pour sa trahieson - voilà déjà ce qu'il s'était fixé hier. Pourquoi ne lui venait-il aucune autre idée ? Il pouvait écouter les projet qu'avaient pour lui Christiane et Marko, et peut-être Karin et Ulrich et Andreas en avaient aussi. Mais pourquoi n'en avait-il pas, lui ? (p. 94)
J'ai beaucoup aimé le style simple et sobre, fluide. C'est ma première lecture de Schlink, un auteur que je relirai - mais pas Le liseur qui ne me tente vraiment pas.
Les thèmes abordés sont intéressants (amitié, moral, pardon, regret) et le rapport au terrorisme d'extrême gauche qui a sévi en Allemagne durant les années 70 (la bande à Baader, la Fraction armée rouge) ne plombe pas l'intrigue mais lui apporte ce qu'il faut de piquant.
source: tagesspiegel.de |
Bernhard Schlink (né en 1944) est juriste de formation. Après ses études, il enseigne à l'université et exerce comme juge. Il commence à écrire des romans policiers et obtient un succès mondial en 1995 avec Le liseur qui reçoit de nombreux prix.
(éd. Gallimard, traduit par Bernard Lortholary, 218 pp. 2008)
Commentaires
J'ai ce livre dans ma PAL (je l'avais acheté après avoir lu Le retour). Du coup, j'ai plusieurs questions : qu'est ce que vous entendez par le fait que la partie sur l'histoire allemande des années 1970 apporte ce qu'il faut de piquant à l'intrigue ? quel est le rythme de l'intrigue. J'avais trouvé que pour le liseur et le retour, l'intrigue était assez lente mais qu'il y avait une réflexion intéressante (une sorte de digestion en fait) sur l'histoire allemande et sur la justice. Avez-vous eu ce sentiment pour ce livre ?
Merci pour votre message et vos réflexions.
Ce qui ne m'attire pas dans "Le liseur", c'est tout simplement l'intrigue, ou plutôt le rapport à la 2e guerre mondiale. Je sais que cela fait un peu sauvage de dire cela mais bon on nous a tellement "rabâché" les oreilles sur le sujet à l'école que j'ai un peu du mal à me motiver pour lire encore quelque chose en rapport. Cela n'enlève rien au fait que tout ce qui s'est passé est terrible !
Le rythme du roman est "normal"; l'histoire avance bien. En tout cas, je n'ai pas eu le sentiment de me faire mener en bateau; la position de chaque personnage est claire dès le début.
Pour le lien au terrorisme des années 70 en Allemagne, j'avais peur que le sujet prenne trop de place, que le roman se mue en "manifeste" (quel qu’il soit). Mais non, le thème est clairement en toile de fond mais l'intrigue prime.