Confusion - Neil Jordan
Kevin Thunder et
Gerald Spain sont deux sosies qui se croisent, se rencontrent, se séparent et
se recroisent dès leur adolescence, dans le Dublin des années 50. Une
incroyable ressemblance physique les rapproche et induit les gens en erreur qui
les confondent fréquemment – sans que ceux-ci ne démentent forcément. Pourtant,
Kevin est issu d’un milieu modeste (son père est bookmaker) et Gerald, a grandi
dans un milieu aisé. L’un sur la rive nord de la ville, l’autre sur la rive
sud. Devenu adultes, Gerald est un écrivain reconnu et Kevin un
dessinateur-architecte. Pourtant, c’est bien la route de Gerald qui va vers
l’échec et la mort.
Le récit débute
par son enterrement – auquel assiste Kevin et où il rencontre Emily, la fille
de son « ami-ennemi ». Celle-ci, enceinte, a peu connu son père qui
était séparé de sa mère et déjà sur la route de la dépression. Kevin entreprend de lui raconte son histoire, leur histoire.
J’adore la
littérature irlandaise, j’ai beaucoup aimé plusieurs films de Jordan et j’ai
adoré son Ligne de fond (1994) et ses
nouvelles de Night in Tunisia (1976).
J’aurais donc beaucoup voulu écrire que j’ai adoré ce roman-ci. Pourtant, je me
contenterai de dire que j’ai aimé. Je vous explique.
L’histoire
commence bien avec des chapitres courts qui mettent directement dans l’intrigue :
la rencontre des deux garçons et les premières méprises sur leur identité. Mais
ce scénario se répète sur plusieurs chapitres, certes avec des variations mais
quand même toujours un peu la même chose. Trop répétitif à mon goût ; je m’impatientais
déjà de voir l’intrigue s’étoffer. Cependant, entre ses variations, il y a de
très beaux chapitres consacrés à la relation de Kevin avec sa mère dont il
était proche, qui adorait nager mais qui s’est noyée un jour, le laissant seul
avec son père. C’est alors que j’ai reçu The
dying of the light de Niki dont j’ai directement commencé la lecture,
laissant Confusion de côté pendant
une semaine. Et pour être franche, je n’étais pas sûre que j’allais le
reprendre. Mais un auteur irlandais mérite plus de considération de ma part. Je
reprends ma lecture et suis ravie des nouveau chapitres que je lis. L’histoire
de Gerald/Kevin est laissée de côté au profit de la relation de Kevin
avec Darragh, une étudiante en architecture qui sombre peu à peu dans la folie.
Très beaux passages, malheureusement trop courts et Darragh est enterrée (c’est
une image, elle ne meurt pas), et l’histoire repart sur le sujet des « doppelgänger ».
Beaucoup trop proche de la fin à mon goût, on découvre quel est le lien entre
Kevin et Gerald. Dommage, j’aurais aimé que ce thème soit plus développé.
Confusion, le titre traduit pour Mistaken, colle très bien à mon
sentiment face à ce roman : la narration est dense, pas facile et trop
compliquée à mon goût. Entendons-nous bien : l’écriture est de qualité
mais je pense qu’un récit plus linéaire avec des sujets plus approfondis m’auraient
beaucoup plus convaincue. J’ai un peu l’impression d’être passée à côté du
roman et ça me chiffonne.
Neil Jordan (né
en 1950) a étudié l’histoire irlandaise et la littérature anglaise à University
College à Dublin. Il débute au cinéma comme consultant sur Excalibur de John Boorman (1981). Il réalise ensuite son premier
film, Angel (1982) qui sera suivi,
entre autres, de La compagnie des loups (1984),
basé sur le recueil d’Angela Carter, The
crying game (1992), La fin d’une
liaison (1999), d’après le roman de Graham Greene, et The butcher boy (1997) d’après le roman de Patrick McCabe – son meilleur
film à mon humble avis.
Si ce roman-ci m’a
laissé sur ma faim, je vous recommande, par contre, vivement Lignes de fond qui est une petite
merveille !
Commentaires
Cathulu et Niki: quels autres romans, BDs, etc, connaissez-vous avec des histoires de sosies ?
http://www.cathulu.com/archive/2013/08/06/la-peau-d-el-autre-5135654.html
dans un genre très différent !:)
J'aime beaucoup la photo du phare
ce sont les 2 qui me viennent le plus spontanément à l'esprit