A travers les champs bleus - Claire Keegan
Cliffs of Moher, county Clare, Irlande |
J’ai
toujours un peu du mal à parler d’un recueil de nouvelles ; je ne sais pas
trop par où commencer, si je dois résumer chaque histoire ou non, etc. Ou
peut-être est-ce seulement de la paresse de ma part ?
Quoi
qu’il en soit, j’ai beaucoup aimé ce recueil de Claire Keegan qui se bonifie. J’avais
bien aimé les histoires de L'antarctique,
mais celles réunies ici m’ont semblé encore meilleures ; les sujets m’ont
plus intéressés. Toutes se déroulent en Irlande, sauf une dont le narrateur est
en visite chez sa mère aux Etats-Unis, mais, à peine arrivé, ne pense déjà qu’à
rentrer en Irlande. Toutes les histoires se déroulent à la campagne, de nos
jours même si, on peut souvent se poser la question car les atmosphères et
façon de vivre décrites semblent très « lointaines ».
Ma
nouvelle préférée est la dernière, « La nuit des sorbiers » qui
raconte l’installation Margaret, une femme d’une quarantaine d’années, dans un
cottage mitoyen d’un petit village proche des cotes de Moher (ouest de l’Irlande).
Peu à peu, on apprend qu’elle a eu une aventure avec un prêtre (un de ses
cousins) dont elle est tombée enceinte. Mais l’enfant est mort peu après de la
mort subite du nourrisson. Les rêves de Margaret, chargés de symboles, sont
pour beaucoup dans la beauté de ce récit qui mêle la pluie à une certaine
tristesse, des dons de guérisseuse à des légendes celtiques. Margaret se lie à
son étrange voisin qui vit seul avec Josephine, une chèvre qu’il traite presque
comme sa femme.
J’ai
beaucoup aimé aussi « A travers les champs bleus » qui raconte un
mariage à travers les yeux du prêtre qui n’a pas su renoncer à son ministère
pour épouser la mariée. Après la cérémonie et la réception, il part marcher sur
la côte et arrive chez un médecin chinois qui vit dans une roulotte. Par son
traitement, il permettra au prêtre de continuer sa vie sans regret, à réinsuffler
l’énergie et la foi nécessaires à la suite de sa vie.
Les
thèmes abordés par ces nouvelles sont : la religion, le poids des
traditions, le monde rural, les liens familiaux, la difficulté des relations et
communications (mari et femme, parents et enfants, etc.), la sexualité.
"Margaret est sortie sous la pluie en direction de la forêt. Elle se sentait toujours légèrement plus en sécurité quand elle était à l'extérieur. (...) Il y avait une odeur de fougères mouillées. Les anémones sauvages frissonnaient dans le vent humide. Elle s'est arrêtée dans la clairière où poussaient les sorbiers. Leurs branches argentées s'agitaient agréablement, feuilles tremblantes.
Là-bas sur le chemin, le prêtre est passé, fumant une cigarette, sa chemise au col ouvert trempée sur ses épaules. c'est pour poser cette simple question que Margaret a révélé sa présence : pourquoi ne jamais la regarder dans les yeux ni lui demander comment elle allait ? L'homme qui lui avait promis le mariage pouvait-il ne pas même lui demander comment elle allait ? Puis elle l'a rejoint et il lui a montré pourquoi. Ils se sont étendus sans rien dire dans l'herbe mouillée et elle a su, pendant qu'il plantait sa semence en elle, qu'elle le paierait." (pp. 213-214)
Fortement
recommandé !
(éd.
Sabine Wespieser, 2012)
(photo :
site Irish Central)
Commentaires
L'Or: je sais pas si ses écrits sont ré-édités ensuite en poche; jamais vu. Mais tu devrais le trouver en biblio.