Le roitelet - Jean-François Beauchemin

source: oiseaux.net

"On dirait que Dieu, après avoir visité ma vie, en est reparti en éteignant la lumière. C'est en vain que je l'appelle et le prie d'y rétablir l'éclairage." Puis, montrant du doigt les champs environnants : "Regarde un peu ces lucioles. Elles clignotent dans la nuit pour se reconnaître entre elles. Mais moi, je ne suis la lampe de personne." (p. 53)

Quel magnifique roman ! Des pages sensibles, très belles, sur un sujet pourtant pas facile : la schizophrénie. Par de brefs chapitres, le narrateur, écrivain, y relate sa relation avec son frère de deux ans son cadet atteint de cette maladie depuis la fin de l'enfance. Leurs parents sont décédés; ils sont seuls, et leur relation est pleine d'amour et d'attention, même si les ombres et les orages sont aussi parfois présents. Chacun, à sa manière, apporte quelque chose dans la vie de l'autre.

Des pages pleines de poésie, avec des phrases superbes comme l'extrait ci-dessus, on encore celui-ci : "La vie passe, m'a dit ce matin mon frère une fois achevée sa lecture de mon manuscrit. La vie passe, banale, insignifiante, et pèse pourtant à ce point sur la pensée, le caractère et l'âme qu'elle finit par leur donner une raison d'être. Oui, presque rien n'arrive dans cette histoire, mais tout y a un sens." (p. 144).

Un récit fait de petits riens mais d'une force incroyable. Un gros coup de cœur et un écrivain que je lis pour la première fois mais assurément pas la dernière. Vivement recommandé !

(éd. Québec Amérique, 144 p., 2023)