Froid comme la mort - Antonio Manzini

source: Antonio Manzini - la nuova provincia

Rocco Schiavone, inspecteur romain transféré à Aoste, est chargé d'élucider le décès d'Ester Baudo retrouvée pendue au lustre de sa chambre. Entre Patrizio, le mari effondré, Irina, la femme de ménage russe qui a découvert le corps et ne parle qu'un italien rudimentaire, et Adalgisa qui semble la seule amie de la défunte, l'inspecteur devra démêler les fils d'une enquête qui écarte rapidement la thèse du suicide.

Autant être claire tout de suite : ce roman policier n'est pas un de ceux qui aligne les rebondissements, les courses poursuites et les révélations fracassantes grâce aux technologies de la police scientifique. Non. Ici, tout est dans la psychologie des personnages et une intrigue quand même assez retorse avec une fin que je n'avais pas venue venir. Mon plaisir de lecture est également venu en grande partie du personnage principal, un enquêteur râleur, scarcastique, qui déteste l'hiver (il n'est pas gâté à Aoste), qui ne crache pas sur un joint le matin pour démarrer sa journée, n'hésite pas à utiliser la manière forte voire l'illégalité pour faire trembler ses suspects, et est amateur de belles femmes - auxquelles il se gardent bien de se lier. Ce roman est le second de la série et je n'ai pas lu le premier (Piste noire). J'ai donc compris au fur et à mesure que Schiavone avait été muté loin de Rome suite à enquête houleuse, et que sa femme est morte quelques années auparavant - ce qui ne l'empêche pas de discuter avec son fantôme lorsqu'il est seul chez lui.

J'ai bien aimé et vous recommande vivement ce roman et cet auteur.

Antonio Manzini (né en 1964) est auteur et scénariste, mais aussi acteur et réalisateur.

"(...) on s'aperçoit que les femmes l'ont déjà perçu. Le printemps. Elles le savent bien avant nous. Un beau jour on se réveille, on sort de chez soi et on les voit. Partout. On chope un torticolis, à force de les regarder. On ne comprend pas où elles étaient, avant. Elles sont comme les papillons. Elles sortent de leur léthargie et explosent d'un coup, à nous faire tourner la tête. Au printemps tous les schémas sautent. Il n'y a plus de maigres, de grosses, de sensuelles ni de belles. A Rome, au printemps, il faut juste observer le spectacle en silence. Profiter. On s'assoit sur un banc et on les regarde passer en remerciant Dieu de nous avoir faits hommes. Tu sais pourquoi ? Parce que, nous, on n'arrivera jamais à ce niveau de beauté, en vieillissant on n'a plus rien à perdre. Mais elles si. Un jour ces couleurs s'éteindront, s'évaporeront, comme le ciel de cette putain de ville qu'on ne voit jamais. C'est terrible, la vieillesse. La vieillesse, c'est la vengeance des moches. C'est un vernis qui tue toute la beauté et anéantit les différences. Et sur notre banc, quand on les regarde, on pense qu'un jour ces créatures ne se reconnaîtront plus dans le miroir. Tu sais quoi, Italo ? Les femmes ne devraient pas vieillir." (p. 101)

(éd. Denoël, La costola di Adamo traduit par Anaïs Bouteille-Bokobza, 256 pp., 2016)

Commentaires

dasola a dit…
Bonjour Lewerentz, je confirme que les romans d'Antonio Manzini sont très recommandables. Froid comme la mort, le deuxième de la série m'a plu. C'est bien de lire la série dans l'ordre. J'ai le 5ème à lire (en poche) et le 6ème est paru en grand format. Les polars italiens nous changent des polars nordiques. Bonne journée.
lewerentz a dit…
Bonjour Dasola,
Je suis complètement d'accord avec vous ; une alternative bienvenue et de qualité au polar scandinave.

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