Dans l'étang de feu et de soufre - Marie-Christine Horn


L'inspecteur lausannois Charles Rouzier est appelé par sa fille Valérie dans un petit village fribourgeois : Fabien, son petit ami - qu'elle s'apprêtait à quitter - vient d'être accusé du meurtre de son propre père. Ce dernier a été retrouvé quasiment entièrement carbonisé dans son appartement. Mais l'équipe de police peine à s'expliquer le drame : meurtre ? accident ? phénomène de combustion spontanée ? Il n'y a pourtant aucune trace d'une intervention extérieur, et à l'exception du corps du défunt, le feu n'a pas touché le mobilier ni le bâtiment. 

- Désolée, je n'ai pas de biscuits. Je ne suis pas allée en course depuis Marcel.
- Ça ira.
- Vous êtes le père de la petite du café, c'est bien ça ?
- Oui.
- C'est une gentille fille. Vous devez être fier.
- Je le suis. C'est votre fils que j'ai rencontré tout l'heure ?
- On ne peut pas dire que ce soit une source de joie. Il a réussi, pour sûr, sauf qu'il n'a pas les valeurs dans la bonne poche. Excusez-le. Il n'aime pas grand-monde, et on le lui rend bien, mais ça reste mon gamin.
- Vous le voyez souvent ?
- Seulement quand il a besoin de quelque chose.
- Par exemple aujourd'hui ?
- Par exemple. Comment va l'autre garçon ?
- L'autre garçon ?
Çui à Marcel et à la Jeannine.
- Il est en garde à vue. Je n'en sais pas plus. Marcel, était-il fier de son fils ?
- Il n'en parlait pas beaucoup. Depuis la mort de Jeannine... Disons que le petit lui tenait rancune.
- Avec raison ?
- N'écoutez pas les gens, je vous dis. Ce qu'ils ignorent, ils l'inventent.
(pp. 67-68)

De Marie-Christine Horn, j'avais adoré La piqûre - dans lequel apparaît déjà Rouzier. Ici, j'avoue que j'ai eu de la peine avec les toutes premières pages, le langage des personnages et l'ambiance très "locale" - la première scène se déroule dans un café de village qui entrecroise commérages, tournées de bière et parties de jass. Mais dès les chapitres suivants, j'ai été rassurée avec l'écriture et l'intrigue bien rythmée. Cela dit, la romancière réussit parfaitement à recréer les ambiances. J'ai bien aimé les personnages, en particulier la médecin légiste qui défend la thèse de la combustion spontanée.

L'écriture est très franche, directe, voire parfois crue. Les thèmes abordent secrets de famille, homosexualité et liens filiaux. Un très bon roman.

(éd. BSN Press, coll. Fictio polar, 180 pp., 2021)

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