Journal de l'oubli - Silvia Härri
Ne pas écouter ce que dit Laurence.
Non, ne l'écoute pas, Ludmilla.
Ne l'écoute surtout pas.
Ne te laisse pas persuader par ce que la femme de l'ombre te chuchote. Elle veut te faire croire que le livre d'avant sera le dernier, le suivant ce roman qui retourne à la neige, pendant que les flocons tourbillonnent dans ta tête et te font perdre toute trace.
Je ne veux pas écouter Laurence.
J'ai trop peur qu'elle ait raison. (p. 54)
Ludmilla Salomon, Laurence de son vrai prénom, partage sa maison avec Gaëlle, sa petite-fille de vingt-trois ans, étudiante en biologie marine qui rédige sa thèse. Ludmilla est écrivain et confie ses troubles à son journal : de plus en plus souvent, elle ne trouve pas ses mots, oublie ses personnages, des événements, des choses, voire mélange fiction et réalité. Gaëlle, qui peine elle aussi à trouver ses mots pour son travail sur une méduse qu'elle trouve finalement ennuyeux, commence à lire en cachette le journal. Et lorsqu'elle réalise que sa grand-mère est tirée vers les profondeurs de la maladie d'Alzheimer, elle décide de tout faire pour l'aider à stimuler sa mémoire. Avec Kamal, l'aide-soignant à domicile iranien, elle emmène sa grand-mère à Noirmoutier, dans sa résidence secondaire, le refuge de l'écrivaine.
Avec subtilité, au fil des pages, Silvia Härri montre l'invasion de la maladie dans la vie de Ludmilla. Au début, j'ai cru qu'il s'agissait de coquilles qui subsistaient de la relecture avant impression, mais j'ai rapidement compris - aussi vu le sérieux des éditions - que c'était bien intentionnel. Mémoire et temps qui passe mais aussi cohabitation de deux générations et immigration sont les thèmes de ce beau roman. J'ai beaucoup aimé même si j'aurais voulu en savoir plus sur Gildas, le mystérieux amant de Ludmilla - mais a-t-il réellement existé ?
Silvia Härri (née en 1975 à Genève) partage son temps entre écriture (dans ses deux langues maternelles - français et italien) et enseignement (italien et histoire de l'art). Romans, poésie, nouvelles et écrits pour la jeunesse, ses textes ont obtenu de nombreux prix.
Avec subtilité, au fil des pages, Silvia Härri montre l'invasion de la maladie dans la vie de Ludmilla. Au début, j'ai cru qu'il s'agissait de coquilles qui subsistaient de la relecture avant impression, mais j'ai rapidement compris - aussi vu le sérieux des éditions - que c'était bien intentionnel. Mémoire et temps qui passe mais aussi cohabitation de deux générations et immigration sont les thèmes de ce beau roman. J'ai beaucoup aimé même si j'aurais voulu en savoir plus sur Gildas, le mystérieux amant de Ludmilla - mais a-t-il réellement existé ?
Silvia Härri (née en 1975 à Genève) partage son temps entre écriture (dans ses deux langues maternelles - français et italien) et enseignement (italien et histoire de l'art). Romans, poésie, nouvelles et écrits pour la jeunesse, ses textes ont obtenu de nombreux prix.
(Bernard Campiche éditeur, 208 pp. 2020)
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