L'aigle de sang - Marc Voltenauer
Devant lui, deux personnes gisaient dans un liquide grenat et visqueux. Un homme et une femme. Leur dos était incisé et leurs côtes séparées de la colonne vertébrale, déployées comme les ailes d'un aigle. Les poumons étaient extraits du thorax et ressemblaient à deux baudruches dégonflées et flétries.
Il croisa un regard. Déterminé. Derrière un casque en fer avec une visière couleur bronze. Pris de panique, il se retourna et partit en courant. Puis il entendit une forte détonation.
Secoué par un soubresaut, Andreas se réveilla en sueur. Son cœur palpitait. Ce cauchemar, toujours le même, continuait à le hanter. (...) Son cauchemar avait fait resurgir pour la première fois des images si réelles qu'il était persuadé qu’elles étaient des réminiscences.
Son intuition lui disait que l'affaire du meurtre de la famille Sandelin et son rêve étaient intimement liés, mais un problème fondamental demeurait. Tous les membres de la famille étaient morts : les grands-parents, les parents et les deux enfants. Aucun survivant. (pp. 178-9)
L'inspecteur Andreas Auer met le cap sur la Suède et le village où, enfant, il a passé de nombreuses vacances. Peu auparavant, il a en effet appris de Jessica, qu'il pensait être sa soeur biologique, qu'il avait en réalité été adopté et qu'il était né sur l'île de Gotland. C'est donc un voyage vers ses origines qu'il entreprend.
Rapidement, il s'intéresse à un crime non résolu qui s'est déroulé quelques décennies plus tôt : le massacre de la famille Sandelin dont il pense être un des membres qui aurait donc réchappé à la tuerie. Pourquoi ? Comment ? La mise en scène macabre de ce crime évoque des rituels vikings et il découvre rapidement que les parents faisaient partie d'un clan qui voulaient ranimer les coutumes nordiques ancestrales. Mais si tous les habitants du lieu s'en souviennent, peu sont enclins à raviver des souvenirs qui avaient marqués toute la petite communauté. Aidée d'Anna, inspecteur de la police locale, Andreas est pourtant plus que jamais décidé à découvrir ce qui s'est passé.
Après Le dragon du Muveran, j'ai à nouveau passé un excellent moment en compagnie du héros de Marc Voltenauer. Si j'ai crains, avec les premiers chapitres, d'incessants allers-retours passé-présent - un principe tellement éculé avec les romans policiers qu'il a fini par m'agacer -, l'intrigue se passe quand même principalement en 2016. Cela dit, jusqu'à ce que l'intrigue soit posée (c'est rapide), il y a de nombreux événements et personnages qui m'ont demandé une attention assez soutenue.
Si l'écriture m'a parue plus sûre, affermie, j'ai trouvé qu'il y avait parfois un peu trop de détails et répétitions, et donc quelques longueurs. Les personnages pourraient aussi être un peu plus fouillés. Mais, je n'ai pas du tout boudé mon plaisir et ai bien apprécié cette nouvelle aventure.
Et vous ?
(éd. Pocket, 727 pp., 2020)
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