Porc braisé - An Yu



Un matin, alors qu'ils s'apprêtaient à partir en voyage, Jia Jia trouve le corps sans vie de son mari dans la baignoire. Près du lavabo, le dessin énigmatique d'un poisson avec une tête d'homme. Même si leur mariage était plus basé sur l'entente que l'amour, Jia Jia est sous le choc, devient hantée par ce dessin. Perdue, devant soudain gérer tout ce que son mari faisait, elle se met à boire et fréquenter un bar où elle se lie avec Leo, le barman. Ce dessin lui donne cependant l'envie de ressortir ses pinceaux qu'elle avait délaissés après les Beaux-Arts et son mariage. Mais pour poursuivre sa vie, elle doit d'abord comprendre ce qui s'est passé et elle décide de faire le même voyage au Tibet que son mari a effectué quelques mois plus tôt, avec le but de trouver ce mystérieux homme-poisson.

Devant Jia Jia, le monde de l'eau surgit, d'un noir d'encre, dévorant les lampadaires, la lune, le toboggan jaune, l'immeuble et les locataires à l'intérieur. La chaussée disparut. Le sable sous ses pieds s'éparpilla dans l'eau. Les frontières de Beijing se dissipaient.
Un froid cinglant la frappa. Aucun vêtement, aucun feu n'aurait pu la réchauffer, elle le savait. Elle sombra. Enfin, c'est ce qu'elle crut. Elle se concentra sur la chute lente de son corps, refusant de se débattre. Ainsi, raisonna-t-elle, elle parviendrait peut-être à trouver le fond de ce monde. Il avait beau ne pas exister, elle gardait espoir envers et contre tout.
Parce que c'est ce que l'on fait, non ? pensa-t-elle. Espérer. (p. 191)

Attention, petit bijou ! Pour son premier roman, An Yu frappe très fort avec un roman qui oscille entre monde réelle et onirisme. Une très belle histoire, émouvante. Les thèmes abordés (mariage, traditions, superstitions, relations familiales) sont bien traités, les personnages m'ont beaucoup plu et la relation Jia Jia avec son père - et l'histoire de sa mère que celui-ci lui fera est un vrai plus - concourent tous à la réussite de ce roman. Je ne sais évidemment pas quel est le ressenti à lire la version anglaise mais la traduction française est vraiment très bonne.

Vous l'avez compris, je recommande vivement ce roman !

An Yu est née à Beijing, a étudié à l'université de New York où elle commence à rédiger Porc braisé. Elle vit en Chine.

(éd. Delcourt, Braised pork traduit de l'anglais par Carine Chichereau, 197 pp., 2020)

Commentaires

Kathel a dit…
Ton avis me confirme que ce roman pourrait me plaire : je souligne !
maggie a dit…
Tu me donnes vraiment envie de lire ce roman, surtout que je ne pense pas avoir lu de livres écrits par des romanciers chinois....
lewerentz a dit…
Kathel, Maggie : je suis ravie si ça vous donne envie. Je lirai vos billets avec intérêt si vous vous lancez.
Violette a dit…
oh que ça donne envie ! Le titre déjà, la couverture et puis quand on te lit!! Oui !:)
lewerentz a dit…
Violette: quel enthousiasme ! Ça fait plaisir 🙂

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