Atlas - Laurent Koutaïssoff


Tracer cette frontière avec le rouge de l'interdit l'avait apaisé. Léonard et Pique-Boeuf pouvaient construire ce que bon leur semblait, plus rien n'existait désormais au-delà de cette lisière de couleur. Il remit de l'ordre dans sa cabane et afficha ses plans et croquis en dessous de la lucarne. Tout se jouerait donc là, entre l'immeuble délabré de Marion, l'appartement étroit du père au premier étage et le trésor immense que représentait la déchetterie. Il se voyait en arpenteur de cette terre plate et laisserait tout le reste du monde sombrer dans le néant.
Sauf Isabelle. Il ne pouvait pas la bannir de ce territoire.
(p. 91)

Christophe, un jeune homme, commence un emploi de surveillance dans une déchetterie après un an de prison pour avoir mis le feu à l'appartement qu'il partageait avec ses parents morts quelques temps plus tôt. Un acte qui a été pour lui une manière de rompre avec une enfance difficile auprès de parents qui ne lui montraient et donnaient peu d'amour, plus préoccupés par leur passion commune des voyages mais que, trop pauvres pour les réaliser, se contentaient de vivre par procuration. Féru de littérature, le père fréquentait régulièrement la librairie d'Isabelle jusqu'à son mariage et Christophe s'y est dès l'enfance à réfugié. A travers les livres, Isabelle l'a aidé à survivre à cette enfance solitaire.

A la déchetterie, Christophe fait la connaissance de Léonard et Pique-Boeuf, puis de Marion, une fille de son âge elle aussi bousculée par la vie dès l'enfance. Comme l'apprendra Christophe, tous trois sont liés par une histoire commune.

C'est aussi au travers d'un album dans lequel il consigne tous les faits marquants de sa vie au travers de dessins, collages, photos, que Christophe réussira à avancer sur un chemin plus serein.

J'ai beaucoup aimé ce roman assez particulier,  avec une atmosphère de lumière, de flottement et d'une légère irréalité. L'écriture est belle, la psychologie des personnages convaincante. Si j'ai un peu moins aimé l'histoire de Pique-Boeuf qui, même si elle a sa place dans le parcours de Christophe, m'a paru trop étalée, la fin est très réussie, ouverte, je dirais même lumineuse  - c'est l'image que j'en ai eu sur le moment . Un roman qui me serait complètement passé à côté si on ne me l'avait pas conseillé et prêter. Un grand merci à la personne concernée.
 

(éd. Bernard Campiche, 296 pp., 2020)

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