Le séminaire des assassins - Petros Markaris
Epire - source: lepoint.fr |
Le roman commence par les vacances du commissaire Charitos, héros récurrent de Markaris, dans son Epire natale. L'atmosphère est détendue, Charitos et son épouse Adriani se sont liés d'amitié avec trois femmes retraitées qui séjournent également dans leur hôtel. A son retour à Athènes, non seulement il apprend qu'il est nommé directeur intérimaire de son service, mais en plus, leur fille leur annonce qu'elle est enceinte. Bref, la rentrée s'annonce bien. Évidemment, tout cela ne dure pas puisque qu'un ministre est retrouvé mort. Puis un second, et encore un troisième. Ce qui les relie ? Tous sont d'anciens professeurs d'université qui ont abandonné la carrière académique pour la politique. Et à chaque fois, le crime est revendiqué par un mystérieux assassin qui accuse les victimes "d'avoir trahi la mission sacrée du Maître". En gros, d'avoir sacrifié les étudiants, les avoir privé de leur savoir pour entrer en politique et s'assurer un portefeuille de ministre alors que les universités grecques sont confrontées à d'énormes problèmes financiers, ce qui ne leur permet pas de créer suffisamment de postes pour assurer tous les enseignements nécessaires. S'agit-il d'un groupuscule terroriste ? D'un déséquilibré qui essaie de maquiller ses crimes en faisant croire à un complot ? Quoi qu'il en soit, vu le statut des victimes, Charitos et son équipe sont sur les dents.
C'est la première fois que je lis un roman policier grec et je suis ravie de cette première incursion hors de mes sentiers battus habituels (Grande-Bretagne, Scandinavie, Etats-Unis principalement). Le récit est raconté à la première personne ce qui apporte beaucoup de rythme à une intrigue sans temps mort. Et surtout, au-delà des motivations du/des meurtrier(s) et de la résolution des meurtres, l'auteur, à l'instar d'une Donna Leon avec l'Italie, en profite pour égratigner la société grecque, ses dirigeants et ses magouilles. Dans ce roman, c'est le monde universitaire qui est pointé du doigt, un univers auquel Charitos ne connaît rien - ni d'ailleurs aux nouvelles technologies et autres réseaux sociaux.
Les personnages et atmosphères sont réalistes, les lieux précis. Bref, on y croit. J'ai eu un tout petit peu de mal à assimiler les personnages, notamment ceux de l'équipe de Markaris, sa famille et ses amis, et comprendre que parfois deux noms désignaient la même personne (soit appelée par son prénom ou son nom).
Ah ! Et comme Donna Leon, Petros Markaris n'est pas avare de descriptions de recettes grecques qui ont l'air bien fameuses - notamment celles avec les aubergines dont je suis une grande consommatrice ;-)
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(éd. du Seuil, coll. Cadre noir, Seminaria fonikis grafis traduit par Michel Volkovitch, 276 pp., 2020)
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keisha
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