A la recherche de Karl Kleber - Daniel Sangsue

- Je ne sais diable si Kleber est mort ou vivant. En tout cas, et ce n'est pas bon signe, il ne m'a jamais donné de nouvelles depuis ce 7 juillet 1997 où il m'a rendu visite. Je me souviens que nous avons passé l'après-midi à discuter et que nous avons bu un bière au buffet quand je l'ai raccompagné à la gare. Peut-être est une illusion rétrospective, mais je dois dire qu'il m'a paru bizarre ce jour-là. Vous êtes le premier à qui j'en parle, car on ne m'a jamais interrogé sur ce que je pouvais savoir. J'ai d'ailleurs été étonné que la police ne me contacte pas. Quant à l'épouse de Karl, elle ne m'appréciait guère, m'accusant de le détourner de son travail avec nos mystifications. Et c'était réciproque. Donc je n'ai pas cherché à lui dire ce que je savais.

- Qu'est-ce que vous entendez par bizarre ? (...)
- Oui, j'ai trouvé Karl bizarre. Je dirais qu'il était dans un état ambivalent : d'abord déprimé, broyant du noir, ensuite soudainement euphorique, enthousiasmé par une perspective que je vous raconterai. Cette ambivalence fait que je ne sais si sa disparition est à mettre sur le compte de la déprime ou de l'euphorie, si tant est que ces états en soient responsables. (pp. 61-3)

En 1997, Karl Kleber, un professeur de littérature disparaît. Quinze ans plus tard, un collègue enquête sur l'affaire à partir des livres du disparu, de témoignages et du dossier de la police. Que lui est-il arrivé ? Est-il mort ou vivant ? Ne supportait-il plus le monde académique ou s'est-il envolé pour les îles avec une de ses étudiantes ? A-t-il été victime d'un collègue jaloux de son succès ?

J'ai adoré ce petit roman ! C'est un pastiche de roman policier, drôle et ironique, qui fait plusieurs allusions à d'autres œuvres littéraires classiques ou contemporaines - Joël Dicker, notamment, que, personnellement, je n'ai pas lu. Daniel Sangsue a eu l'idée de son roman lorsqu'il est tombé, dans une librairie d'occasion, sur des livres ayant appartenu à un professeur d'université suisse qui a disparu du jour au lendemain, comme son héros. Fiction et réalité s'entremêlent, c'est vraiment un petit délice que la lecture de ce roman.

Vous l'avez compris, je vous le recommande vivement ! Et je remercie ma soeur qui me l'a offert (et qui a eu l'auteur comme prof), et moi, je me réjouis de lire son essai Journal d'un chasseur de fantômes qui patiente dans ma pile depuis quelques mois.

(éd. Favre, 168 pp., 2020)