Déchirures - Sylviane Chatelain



Un recueil de six nouvelles qui mettent toutes en avant six femmes dans des atmosphères où l'étrange affleure doucement, insidieusement, l'air de rien.

La voisine
, le premier et le plus long des textes (170 pp. contre une dizaine pour les autres), est le plus prenant et angoissant, aussi le moins "flou" - quoique. Une jeune mère célibataire emménage dans un immeuble avec Rosalie, sa petite fille. Elle doit travailler pour reconstruire sa vie et finit par accepter de la confier à une voisine durant la journée. La petite, qui était plutôt déstabilisée par sa nouvelle vie, se trouve rapidement bien avec cette femme assez mystérieuse qui fuit à chaque fois que la mère essaie de s'en rapprocher, de la connaître mieux. Tantôt froide, tantôt amicale. Est-elle paranoïaque ou cette inconnue essaie-t-elle de lui voler sa fille ?

La voisine lui téléphone chaque soir. Elle lui donne des nouvelles, brièvement, lp'assure que tout va bien. C'est ensuite au tour de Rosalie de lui parler. Elle a joué au jardin. Il y a une ferme tout près. Elle a vu des vaches et des chevaux, des lapins et des poules. Elle n'est pas très à l'aise, se tait, se contente de répondre en quelques mots à ses questions et c'est déjà fini.
Elle se retrouve seule.
Elle n'a qu'un numéro de téléphone et une adresse à laquelle n'habite personne du nom de la voisine, elle l'a vérifié. Si elle ne porte pas le même nom que sa mère, c'est peut-être qu'elle a été mariée, qu'elle est veuve ou divorcée. A vrai dire, elle ne sait rien d'elle.
(p. 97)

A l'exception de La bibliothèque, les autres nouvelles m'ont aussi beaucoup plues, en particulier Le tableau et La brume.

J'avais déjà lu un autre recueil de nouvelles de Sylviane Chatelain dont le style m'avait beaucoup séduite - mais impossible de me souvenir lequel. Cette nouvelle expérience de lecture ne m'a pas déçue. Les atmosphères sont vraiment très réussies, les éléments naturels (rivière, brume, pluie, neige, tempête) y jouent un rôle prépondérant. Le nombre de personnages est chaque fois très restreint se qui renforcement la sensation d'enfermement, d'emprisonnement, de huis-clos, de chute psychologique.

Sylviane Chatelain (née en 1950) à l'Ecole des arts décoratifs (graphisme) de Genève et à l'université de Neuchâtel dont elle est diplômée en langue et littérature latine. Ses textes ont obtenu de nombreux prix.

Je vous recommande chaudement ce recueil et cette auteur. Et si vous l'avez déjà lue, dites-moi ce que vous en avez pensé dans les commentaires.

(Bernard Campiche Editeur, 256 pp., 2018)

Commentaires

Articles les plus consultés