Les miracles du bazar Namiya - Keigo Higashino

2012. Après avoir commis un méfait - dont on apprend la teneur à la toute fin du roman -, trois jeunes délinquants se réfugient dans un vieux bazar abandonné pour s'y cacher jusqu'au lendemain. Durant la nuit, quelqu'un glisse une lettre dans la fente du store métallique. En l'ouvrant, Atsuya, Shota et Kohei comprennent qu'elle est adressé à l'ancien propriétaire qui était connu pour les conseils qu'il prodiguait à ceux qui lui écrivaient. Son auteur est une jeune femme tiraillée entre poursuivre son entraînement en vu d'une sélection aux prochains JO ou rester auprès de son ami en phase terminale d'une maladie incurable. Et en l'étudiant plus attentivement, ils se rendent compte qu'elle fait référence à des objets ou événements qui semblent bien loin; elle ne parle en effet pas des prochains jeux d'été de Tokyo mais à ceux de Moscou qui se sont tenus en 1980. Comment est-ce possible ? Intrigués, ils décident de répondre. Aussitôt après, la réponse arrive. Et c'est le début d'une nuit pour le moins singulière, dans un lieu où le temps ne semble pas aller à la même vitesse que celui à l'extérieur.

Ceux qui suivent le blog savent à quel point j'aime l'auteur Aki Shimazaki qui manie superbement l'art de relier chacun des volumes de ses pentalogies les uns avec les autres pour former au final une histoire complète. Le principe est un peu le même ici avec un roman qui se découpe en plusieurs chapitres qui n'ont apparemment pas de liens entre eux, si ce n'est la récurrence du bazar Namiya.

J'ai acheté ce roman pour son auteur dont j'aime beaucoup les excellents romans policiers, et malgré la petite appréhension liée au côté SF du texte, un genre que je ne goûte pas du tout. Ici, il s'agit plutôt d'un saupoudrage fantastique, et cela ne m'a donc pas dérangée.

L'histoire est sympa, avec pas mal d'émotion, de douceur, de bienveillance (dans le bon sens du terme) auxquelles je ne m'attendais pas. Moins qu'un portrait de la société japonaise comme il le fait dans ses romans policiers, Higashino profite ici de chroniquer quelques événements historiques. Alors c'est clair, il s'agit d'un livre au message positif, qui parle des valeurs humaines. Cependant, j'avoue que je me suis un peu essoufflée dans les 150 dernières pages (quand même...) et je n'étais pas mécontente d'arriver au bout. En fait, je crois que ce qui m'a déstabilisée est que je n'avais pas l'impression de lire Higashino; son style d'écriture est très différent ici - et ce n'est pas dû à un changement de traductrice puisque c'est à nouveau Sophie Refle. Mon plaisir a aussi été un peu gâché par les (trop) nombreuses coquilles qui subsistent dans le texte ce qui m'a beaucoup étonnée de la part des éditions Actes Sud.

Bref, une lecture sympa mais à quelqu'un qui voudrait découvrir Higashino, je conseillerais sans réserve ses romans policiers plutôt que celui-ci.

(éd. Actes Sud, Namiya zakkaten no kiseki traduit par Sophie Refle, parution originale 2012 - édition français 2020)

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