La lumière de la nuit - Keigo Higashino

source: nippop.it

Osaka, 1973. Un prêteur sur gages est assassiné dans un immeuble en cours de construction et laissé à l'abandon. L'inspecteur Sasagaki établit que la dernière personne à l'avoir vu vivant est une jeune veuve qui vit seule avec Yukiho, sa fille d'une dizaine d'années. Cette dernière fréquente par ailleurs la même école que Ryoji, le fils du prêteur sur gages. Peu après, c'est un ami de cette femme qui est retrouvé mort, puis elle-même qui (apparemment) se suicide. Mais pour le reste, mystère.

Les années passent, Yukiho, élevée par sa tante, grandit; lycée, université, début dans la vie professionnelle, tout se passe bien pour elle. Ryoji, par contre, vit en marge de la société et trempe dans des combines plutôt louches. Sasagaki, qui n'a jamais oublié cette affaire, relève pourtant une chose : il arrive des choses pas très sympas (agression) à toutes les personnes qui s'approchent d'un peu trop près de Yukiho - quand elles ne meurent pas. Il décide de rouvrir l'enquête.

Tu sais, Natsumi, il y a le jour, quand le soleil brille, puis la nuit, quand il n'est plus là. La vie, c'est pareil, il y a le jour et la nuit. Sauf que l'alternance n'est pas du tout aussi régulière. Dans la vie, certaines personnes vivent en permanence sous le soleil. D'autres n'ont d'autre choix que de vivre en permanence dans la nuit la plus noire. Ce dont les gens ont peur, c'est que le soleil disparaisse. Oui, que ce soleil bénéfique disparaisse. C'est ton cas en ce moment.
Natsumi hocha la tête car elle avait l'impression de vaguement comprendre ce qu'elle venait d'entendre.
- Moi, continua Yukiho, je n'ai jamais vécu sous le soleil.
Natsumi éclata de rire.
- Comment ça ? Vous vivez en permanence au soleil, non ?
Yukiho secoua la tête. Natsumi cessa de rire, car elle avait remarqué le sérieux de ses yeux.
- Je n'ai jamais connu le soleil au-dessus de ma tête. J'ai toujours été dans la nuit. Mais il n'y faisait pas sombre. Il y avait quelque chose qui remplaçait le soleil, quelque chose de moins brillant, mais qui me suffisait. Grâce à cette lumière de la nuit, j'ai réussi à vivre en pensant que la nuit était le jour. Tu me suis, n'est-ce pas ? Comme je n'ai jamais connu le soleil, je n'ai jamais eu peur de le perdre.
(p. 718)

Quatrième roman d'Higashino que je lis, nettement le plus dense, touffu. Au-delà d'une enquête complexe avec de nombreux personnages (il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver), c'est un panorama sur quasiment vingt ans de l'évolution de la société japonaise que nous offre l'auteur. Très intéressant, instructif, et une histoire avec, comme toujours, des tours et détours inattendus.

(éd. Actes Sud, Byakuyako traduit par Sophie Refle, 742 pp., 2015)

Commentaires

niki a dit…
ce polar et d'autres de cet auteur figure aussi dans ma pal
Sandrion a dit…
J'aime beaucoup cet auteur !! tu me donnes envie de lire celui-ci...
Lou a dit…
J'aime beaucoup Higashino et je compte poursuivre la découverte de son univers. Celui me tente aussi !
lewerentz a dit…
Lou: pas mon préféré mais c'est personnel et ça reste de la très bonne littérature.

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