Antonia - Gabriella Zalapi



Antonia - Journal 1965-66


Voici un texte très court (une petite centaine de pages) qui m'a beaucoup séduite à sa lecture mais auquel j'ai quand même trouvé qu'il manquait quelque chose.

A travers les brèves entrées de son journal intime, Antonia, jeune femme mariée à un riche bourgeois de Palerme et mère d'un enfant, raconte son ennui quotidien : l'indifférence de son mari, si ce n'est pour lui rappeler ses devoirs (tenir leur maison, organiser des soirées, notamment), les conventions sociales, leur fils dont elle se sent éloigné (son mari insiste qu'il soit élevé par une nurse anglaise), les rapports aux parents (difficiles dans son cas), une enfance ballottée. A la mort de sa grand-mère, elle hérite sa fortune mais aussi toute une boîte de documents (photos, lettres) qu'elle se met à classer, reconstituant ainsi son passé, son héritage, notamment celui d'un grand-père juif dont elle était très proche et qui avait dû fuir Vienne.

27 novembre 1965
Je me sens encore et toujours une étrangère ici. C'est surtout le microcosme social de Franc qui m'empêche de me sentir à mon aise. Toutes ces personnes que nous côtoyons connaissaient, ne serait-ce que de nom, la famille de Nonna. Sa réputation me précède. Me détermine. M'oblige à un cadre, à des conventions sociales étouffantes. Peu importe qui je suis, qui je veux devenir. Je ne me sens pas libre de mes mouvements. Franco, par exemple, exige que j'aille à la mer au Club. Il prétend que c'est le seul endroit fréquentable. Mais je ne supporte plus les regards de ses amis. Ils enregistrent mes faits et gestes et lui font un compte-rendu sentencieux. "Franco, surveille ta femme." Suis-je devenue paranoïaque ? Je n'arrive pas à nouer de nouvelles amitiés. Mon instinct me dit de faire attention même avec Chiara que j'apprécie beaucoup.


Tout cela aurait pu constitué une bonne base d'histoire, certes déjà vue, mais si le texte de Gabriella Zalapi est très élégant et bien écrit, il me semble qu'il reste trop en surface, qu'il manque de profondeur; tout n'est qu'esquissé. Je n'ai pas non plus du tout réussi à sentir le milieu des années soixante; sincèrement, je m'en rends compte maintenant car à la lecture, j'avais l'impression d'être à la fin du 19e s. Dommage.

Gabriella Zalapì est artiste plasticienne d'origines anglaise, italienne et suisse, formée à Genève. Antonia est son premier roman et s'inspire de sa famille.

(éd. Zoé, 112 pp., 2019)

Commentaires

je passe, sans regrets!

Articles les plus consultés