Mon père alcoolique et moi - Mariko Kikuchi



On repart au Japon avec un manga témoignage, cette fois-ci sur l'alcoolisme. J'aime autant prévenir tout de suite, c'est un livre coup de poing, violent psychologiquement. Après l'avoir terminé, j'en ai d'autant plus pris conscience que les dessins, si on se contente de feuilleter rapidement le livre, ne le laisse pas paraître.

L'auteur raconte ici sa propre vie, de l'enfance à l'âge adulte. Un père alcoolique, une mère qui se réfugie dans une secte et finit par se suicider alors que ses deux filles sont encore enfants. Un père qui, une fois son travail terminé, passe d'interminables soirées à jouer au mah-jong avec ses compagnons de beuverie sous le toit familiale. Mariko et sa soeur prennent donc rapidement conscience des événements, tentant de survivre dans cet environnement pour le moins difficile. A la mort de leur mère, Mariko, l'aînée, prend la place de sa mère tout en terminant ses études au lycée, puis se lance dans le manga - le dessin ayant toujours été une échappatoire.

Parallèlement, elle commence une relation avec un jeune homme brillant qui écrit des nouvelles mais qui se révèle lui aussi très portée sur la bouteille - à la différence que, lui tient bien l’alcool. Il se révèle également manipulateur et menaçant, traitant Mariko comme sa chose, sa future épouse qui devra lui obéir, arrêter de travailler et élever leurs futurs enfants.

Les sentiments de l'auteur oscille constamment entre la culpabilité (aurait-elle dû réagir plus tôt lorsque sa mère était encore en vie?), la haine de son père, la pression de la société (les amis de son père l'accusent de ne pas bien s'occuper de lui), les violences au sein d'un couple, l'enfermement psychologique. Comme je l'ai écrit en introduction, le contraste entre les thèmes abordés et les dessins rend d'autant plus fort et violent le récit.

(éd. Akata, You to bakemono ni naru chichi ga tsurai traduit par Yuki Kakiichi, 143 pp., 2018)

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