Le crépuscule de Shigezo - Sawako Ariyhosi
A la mort de son épouse, Shigezo est pris en charge par son fils Nobutoshi et sa belle-fille Akiko. Le couple se rend rapidement compte que "grand-père" est devenu "gâteux" et qu'il sombre dans une démence neurodégénérative. Il ne reconnaît d'ailleurs plus son fils. La lourde charge que cela implique pour Akiko, qui travaille à plein temps, révèle de nombreux problèmes concrets pour le vieil homme qui, mentalement, retombe dans l'enfance.
Quel beau livre ! C'est un livre dur à lire dans le sens où il nous renvoie sans fard face à notre propre cheminement sur le chemin de la vieillesse. Mais c'est un roman émouvant aussi.
Publié au Japon en 1972, j'avais peur qu'il soit un peu vieilli mais non. L'histoire pourrait tout à fait se passer aujourd'hui. Traditionnellement, au Japon, les aînés sont pris en charge par leurs enfants, la belle-fille en particulier. Si ce modèle tant à disparaître, les familles avec trois générations vivant sous le même sont encore assez nombreuses. Sentiment d'abandon si on délègue la charge d'un parent âgé à une maison de retraite, coûts de ses établissements, les raisons sont nombreuses. Toute notre nouvelle technologie ne peut encore rien dans la prise en charge de nos aînés.
Je recommande vivement ce roman qui m'a offert le délice de découvrir encore un peu plus la culture japonaise.
Sawako Ariyhosi (1931-84) est l'auteur de nombreux romans, nouvelles et pièces de théâtre. La condition féminine dans la famille est un de ses thèmes récurrents. Elle a reçu de nombreux prix dont le Grand prix de littérature japonaise en 1970.
(Kôkutsu no hito traduit par Jean-Christian Bouvier, éd. Mercure de France, 2018)
Commentaires
Niki: en écrivant mon billet et j'aurais déjà pu écrire ton commentaire 😉 Je te comprends.
La situation d'Akiko et la manière dont son mari la contraint à s'occuper de son propre père était l'une des critiques majeures de l'auteure, profondément féministe. D'où son surnom de "Simone de Beauvoir japonaise". Quant au thème de la vieillesse, il est plus que jamais d'actualité au Japon.