Cher ami, de ma vie je vous écris dans votre vie - Yiyun Li

source: lisez.com
source: South China Morning Post - scmp.com

Lorsque j'ai vu ce livre sur NetGalley, le sujet et les thèmes qu'il abordent m'ont vivement interpellée. De plus, je ne connais pour ainsi dire pas la littérature chinoise, et je me suis donc décidée à le solliciter. Les éditions Belfond m'en ont donné l'opportunité et je les en remercie vivement.

Dans cet essai, Yiyun Li parle de son rapport à la lecture, à l'écriture et de sa double appartenance: le chinois est sa langue maternelle mais elle n'a publié que des textes en anglais (après son émigration aux États-Unis) - certains le lui reprochent d'ailleurs; son anglais serait trop basique. Pourtant, si elle s'interroge sur son rapport à la littérature, c'est bien les auteurs occidentaux (Gorki, notamment) qui l'ont ouvert aux livres dans son enfance déjà.

Yiyun Li s'interroge sur l'influence de la littérature dans nos vies et se demande "pourquoi écrire, pourquoi vivre ?" Le contexte dans lequel elle a rédigé ce texte (sur plusieurs années) est particulier et on comprend alors mieux ses interrogations : après des tentatives de suicide, elle a fait deux séjours en unités psychiatriques. Le texte n'en devient pas pour autant plombé et/ou déprimant. Au contraire, elle utilise ses expériences pour rebondir et multiplier les anecdotes de son enfance, de son séjour dans l'armée chinoise, sa vie aux États-Unis.

Elle parle beaucoup de ses influences, notamment William Trevor (qu'elle a rencontré plusieurs fois), John McGahern, Katherine Mansfield, Elizabeth Bowen ou encore Stefan Zweig.

Toute ma vie on m’a demandé : Qu’est-ce que tu caches ? J’ignore ce que je cache, et plus j’essaie de le nier, moins les gens me trouvent digne de confiance. Ma mère aimait évoquer devant les visiteurs mon côté furtif. Une femme, chargée des entrées aux bains publics, me prenait souvent à partie et me demandait ce que je lui cachais. Rien, disais-je, à quoi elle répondait qu’elle voyait dans mes yeux que je mentais.
La réserve est un état naturel. Ce n’est pas de la dissimulation. Les gens ne se montrent pas de la même manière, et avec la même facilité, devant tout le monde. La réserve ne vous rend pas solitaire comme la dissimulation, et pourtant elle met à distance et invalide les autres.
(p. 7)

Le texte toutefois, n'est pas "linéaire" et on saute parfois un peu du coq à l'âne, un "curieux" mélange de petites anecdotes qui font sourire et de réflexions sur Kierkegaard. C'est assez déstabilisant et au final, c'est peut-être une des raisons pour lesquelles je n'ai pas été complètement emballée. Mais j'ai beaucoup aimé le style (simple) et j'ai envie de lire un de ses romans. L'avez-vous lu ?

(éd. Belfond, Dear friend, from my life I write to you in your life, traduit par Clément Baude, 224 pp., 2018)

Commentaires

maggie a dit…
Non, je ne l'ai pas lu et je ne connaissais pas l'auteur. Je ne pense pas avoir lu beaucoup de romancières chinoises, mais ça me tente bien :-)
niki a dit…
je note ce livre, j'apprécie les essais qui parlent de littérature
lewerentz a dit…
Maggie : si tu lis un de ses romans, je me réjouis de lire ton appréciation.

Niki : je ne peux malheureusement pas te l'envoyer, car je l'ai eu en téléchargement. Bonne lecture!
claudialucia a dit…
J'aime sa réflexion sur ce qu'elle paraît cacher aux yeux des autres et qui finalement n'est qu'une "réserve naturelle". J'ai pourtant un peu peur du "coq à l'âne".
lewerentz a dit…
Claudia: je comprends mais je pense que c'est tout à fait le genre de livre que tu peux lire tranquillement, à petite dose.
Eleonore B. a dit…
Bonjour,
Je devrais le lire dans peu de temps... Il m'attire énormément ! Merci pour vos mots qui me donnent encore plus envie de me tourner vers lui.

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