Avant que l'ombre... - Marie Javet
source: site éditeur |
Camille, une jeune maman veuve depuis peu qui doit chercher un logement pour elle et sa fille de cinq ans. Elle trouve une chambre dans une colocation dans une maison de maître un peu délabrée sur les hauts de Lausanne. Ses trois occupants sont des artistes vieillissants: Cerise, une sculptrice, Paul, un peintre et Alistair, un poète britannique. Elle est accueillie à bras ouverts mais peu après son arrivée, d'étranges événements se produisent : des tableaux et sculptures sont remplacées, des mises en scènes macabres qui mettent Paul dans tous ces états et qui, Camille s'en rend clairement compte, rappellent des événements aux deux autres artistes. Que se passe-t-il ? Et qui est cette ombre qui rôde dans les passages secrets de la maison et compte se venger de ses habitants ?
Depuis qu'elle était revenue, l'Ombre explorait les lieux régulièrement. Elle épiait les habitants de la maison, jubilant à l'idée que leurs vies n'étaient guère plus trépidantes que la sienne. Mais la sienne allait le devenir, ô combien ! Leur dernière initiative, venant rompre la monotonie de leurs tristes existences, lui avait donné une petite idée, alors qu'elle cherchait comment accomplir sa vengeance. Une idée qui reposait sur une conjonction de circonstances qu'elle avait interprétée comme une signe. Elle avait simplement donné un petit coup de pouce au destin. Il ne lui restair plus qu'à régler la mise en scène depuis les coulisses. Et ensuite à sortir de l'ombre pour se placer sous les projecteurs, pour jouer la grande scène finale. Tout se payait un jour. Et cette addition-là serait salée... Elle coûterait des vies. Certains la donnaient, l'Ombre la prenait. Elle avait déjà deux meurtres à son actif. Et n'en éprouvait pas le moindre remords." (p. 13)
La petite fille dans le miroir, le premier roman de Marie Javet est sur ma liste de lecture mais ayant versé une cotisation pour soutenir les éditions suisses Plaisir de lire, j'ai pu choisir un titre dans leur catalogue et la couverture (et le résumé) de celui-ci m'ont beaucoup tentée. Bien m'en a pris puisque j'ai découvert avec plaisir une auteur et une histoire qui se déroule, par des flashbacks, sur une quarantaine d'années. Une ambiance en apparence tranquille mais avec une menace qui couve (le suspens reste toutefois léger à mon sens), des personnages intéressants (une petite préférence personnelle pour Alistair), une ambiance artiste bohème et une maison bien mystérieuse (une petite incrédulité sur ce point pour ma part, car l'auteur la décrit comme un mélange entre une maison de maître gothique et le style Bauhaus; étant architecte, je connais bien les deux styles et j'avoue que j'avais du mal à imaginer une conjonction des deux). Je dois aussi dire que j'ai trouvé les motivations de l'assassin bien faibles.
Cela étant, je n'ai pas boudé mon plaisir, ai apprécié les personnages et les thèmes (sauf les parties "petit trafic de cannabis", merci bien), le principal étant l'influence du passé sur nos vies, le fait qu'il reste toujours plus ou moins présent et important.
Marie Javet a étudié les lettres à l'université de Lausanne puis a passé trois ans aux États-Unis où elle a, notamment, été bénévole à la bibliothèque de Stamford. Elle a ensuite poursuivi son parcours dans le monde des livres. Une de ses nouvelles ("Olivia") est publiée dans un ouvrage collectif en 2010 et son premier roman en 2017. Pour en savoir plus : son site.
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