Le bourreau de Gaudí - Aro Sáinz de la Maza
source: actes-sud.fr |
Casa Mila ("La Pedrera") / source: hlloret.com |
Envie d'une petite visite guidée de Barcelone menée tambour battant avec meurtres et symboles cachés dans l'oeuvre de Gaudí à la clef ? Vous êtes à la bonne place et ce roman policier est pour vous !
Le corps en flamme d'Eduardo Pinto, un homme apparemment bien sous tous rapports, est retrouvé suspendu à un balcon d'une maison construite par Gaudí, au petit matin, sur une place pourtant pleine de fêtards et touristes. L'autopsie révèle qu'avant d'être "crucifié" là, il a été maintenu en détention pendant cinq jours, sans nourriture ni boisson. La procureure Susana Cabot fait réintégrer Milo Malart (un de ses anciens amants) dans l'équipe de la police criminelle, celle-ci n'ayant toujours aucune piste sérieuse à explorer après quatre jours d'enquête. Malart avait été mis à pied après que son neveu se soit tiré une balle dans la tête avec son arme qu'il avait laissé posée sur une table chez lui (Malart). Profondément marqué par cet incident tragique, et se sentant responsable, Malart reprend toutefois du service avec le "chaperonnage" de la sous-inspectrice Rebecca Mercader. Et une visite hebdomadaire chez une psychologue. Il faut dire que ses chefs ne sont pas forcément ravis de le revoir, car Malart est un élément plutôt imprévisible dont les raisonnements et déductions peuvent parfois sembler farfelus et abscons pour ses collègues, et qui n'hésite pas à faire cavalier seul et/ou agir sans le consentement de la direction.
A peine Malart et Mercader ont-ils ouvert une piste possible qui se base sur les symboles de l’œuvre de Gaudí, qu'un autre homme de la haute bourgeoisie disparaît. Les deux cas sont-ils liés? Ils en sont persuadés. La nouvelle victime est le président du cercle Gaudí que la police des fraudes surveillait depuis un moment par crainte d'un délit de fuite avec vol d'argent à la clef.
Et l'équipe n'est pas au bout de ses peines !
J'ai beaucoup aimé ce roman, pourtant intimidant pour moi avec ses 768 pages ! L'enquête est intelligente, bien ficelée et j'ai aimé l'intégration de l’œuvre de Gaudí comme symbole de Barcelone. Malart en est sûr : c'est à la ville que l'assassin en veut; et comment la toucher plus profondément qu'en s'en prenant à son principal symbole ? Si ceux-ci sont mis à mal, c'est la ville qui en pâtira. Beaucoup de thèmes sont abordés : corruption, dégradation de la ville, de son urbanisme étouffant, perte de son identité au profit d'une globalisation comme les autres grandes villes européennes, expropriations de terrains au profit de grands ensembles sans âme. Je suis moins convaincue par les théories maçonniques et ésotériques sur l’œuvre de Gaudí mais là, c'est peut-être l'architecte qui parle - et pourtant, je n'aime pas Gaudí, à l'exception de certains de ses aménagements intérieurs (et encore, des détails de poignées de portes, p.ex. ;-)
Quelques longueurs quand même, parfois un peu trop de détails, mais une lecture-découverte d'une ville. Je n'ai jamais été à Barcelone mais malgré la critique qu'en fait l'auteur, je pense que je m'y rendrai un jour.
Aro Sáinz de la Maza (né en 1959) est éditeur et correcteur. Un autre de ses romans a été traduit: Les muselés dans lequel on retrouve Malart (l'enquête est antérieure à celle-ci).
C'est Niki qui m'a offert ce roman : merci à elle pour la découverte ! Et aller lire son billet; excellent comme toujours.
(éd. Actes Sud / Babel noir, traduit par Sere Mestre, 768 pp., 2017)
Commentaires
Dominique: je vais aller lire ton billet.
Niki : j'ai oublié de te mentionner dans le billet; honte à moi ! Voilà, j'ai corrigé le tir.
Et nous allons lire ce polar même si notre liste de livres à lire s'allonge...