Après la fin - Sarah Moss

source: site éditeur

Miriam, quinze ans, fait un malaise durant la pause de midi, sur la place de sport de son collège. Pendant quelques minutes, elle ne respire plus; son cœur s'arrête. Ranimée et emmenée à l'hôpital, elle y restera douze jours sans que les médecins ne parviennent à découvrir la cause de son anaphylaxie (réaction allergique grave et immédiate).

Ce roman, c'est le récit de son père, Adam Goldschmidt, père au foyer qui donne ponctuellement quelques cours dans une petite université proche des Midlands, et fait une recherche sur la cathédrale de Coventry. Un père attentif à ses deux filles (il y a aussi Rose, la cadette), légèrement, voire complètement parano, angoissé que Miriam ai une nouvelle crise et que, cette fois-ci, personne ne soit là pour lui faire une réanimation cardio-pulmonaire. Un personnage souvent attachant, parfois agaçant.

Une chronique familiale où c'est Emma, l'épouse médecin, qui fait essentiellement vivre la famille. Une chronique sur l'enfance (Rose) et l'adolescence (Miriam), une adolescente féministe, une réflexion sur nos racines (les origines juives et pour moitié américaines d'Adam), sur le fait que la vie peut s'arrêter subitement, à tout instant, que les enfants peuvent partir avant les parents.

Une chronique acerbe et critique du système sanitaire de l'Angleterre d'aujourd'hui, des universités et, d'une manière large, de la société britannique qui évolue mais reste aussi attachée à ses traditions.

"Chérie. Qu'est-ce qui ne va pas ?" (...)
"Qu'est-ce qui ne va pas, d'après toi, bordel ?"
OK, très bien. "Ne me parle pas sur ce ton. La mort ?" (...)
"Papa. Si j'étais morte, qu'est-ce que vous auriez fait de toutes mes affaires ?"
J'ai entendu mon propre souffle se prendre dans ma gorge. "Hm. Oui, j'ai pensé à ça. J'imagine qu'au bout d'un certain temps, on aurait tout passé en revue pour décider quoi garder et quoi donner. C'aurait été très difficile." (...)
Elle contrôlait ses sanglots. "Vous m'auriez enterrée ou incinérée ?"
- Bon sang, Mim." Mais bien sûr, je m'étais posé la question. Bien sûr, une partie de mon esprit continuait à s'engager sur cette pente-là, celle qu'on avait failli prendre. Bien sûr, alors que je remplissais la machine à laver ou que je mettais des conserves de tomate dans mon chariot au supermarché, il m'arrivait de songer à ses funérailles, de choisir les mots avec lesquels j'annoncerais à Rose que sa soeur était morte. "Enterrée, je pense. Pour avoir un endroit où aller. Et parce que -" J'ai dégluti. "Parce que je ne supporte pas l'idée. Des flammes." (...)
"Si ça m'arrive encore et que je ne m'en sors pas, incinérez-moi, d'accord ? C'est meilleur pour l'environnement, il n'y a pas assez de place pour enterrer tout le monde." (pp. 240-1)

Sarah Moss et sa famille - source: guardian.com

Après une petite frayeur avec le premier chapitre, j'ai beaucoup aimé cette lecture sur l'Angleterre d'aujourd'hui; le récit de vies ordinaires. Les pages sur la jeunesse américaine de son père m'ont par contre ennuyée (j'avoue, je les ai survolées mais j'ai beaucoup aimé les pages avec son père aujourd'hui), et les cent dernières pages m'ont parues quand même un peu longuettes, répétitives.

Ces petites réserves mises à part, c'est une auteur à surveiller en ce qui me concerne.

Sarah Moss (née en 1975 à Glasgow) possède un doctorat en littérature anglaise. Si Après la fin est son premier roman traduit en français, c'est le septième qu'elle publie. Elle enseigne l'écriture à l'université de Warwick.

(éd. Actes Sud, traduit par Laure Manceau, 416 pp., 2018)

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