Sur les ossements des morts - Olga Tokarczuk
- Vous avez plus de compassion pour les animaux que pour les hommes.
- C'est faux. J'ai de la compassion pour les uns et pour les autres. Sauf que personne ne tire sur des gens sans défense, déclarais-je à l'agent de la police municipale le soir même. Du moins, pas à notre époque.
- En effet. Nous sommes un pays de droit, constata le policier.
C'était un brave type, mais pas très futé. Et je n'ai pu m'empêcher d'ajouter :
- Un pays est à l'image de ses animaux. De la protection qu'on leur accorde. Si les gens ont un comportement bestial envers les animaux, aucune démocratie ne pourra leur venir en aide. Pas plus qu'autre chose, d'ailleurs. (p. 111)
source: payot.ch |
Luftzug, un petit village des Sudètes polonaises proche de la frontière tchèque. C'est là que vit Mme Doucheyko, passionnée par l'astrologie, la faune et la flore. Depuis sa retraite (elle était ingénieur), elle donne quelques cours d'anglais dans un village proche et surveille les maisons de vacances alentour durant la période hivernale. Un jour, un de ses voisins, Matoga, vient la chercher : leur voisin Grand Pied est décédé; il s'est étranglé avec un os de biche. Cette mort est la première d'une série pour laquelle Mme Doucheyko a une théorie bien personnelle : toutes les victimes pratiquaient la chasse et leurs assassins sont les congénères des animaux qu'ils ont tué. Une vengeance des animaux ? Inutile de dire que tout le monde la prend pour une demie folle. Probablement la solitude et la vie rude dans cette région qui a fini par lui faire perdre le bon sens... Son ami Dyzio, qu'elle aide à traduire l’œuvre de William Blake (poète et artiste-peintre anglais, 1757-1827) a beau la mettre en garde, sa théorie est, selon elle, corroborée par sa lecture des cartes astrales des victimes. Elle en fait part à la police mais celle-ci ne prend même pas la peine de lui répondre.
C'est un roman particulier, dans le sens où il est présenté comme un roman policier mais mieux vaut ne pas le considérer ainsi, sous peine de déception. Certes, il est parsemé de morts mystérieuses mais je dirais plutôt que c'est le récit d'une vie solitaire, à l'écart de la société, d'une vie rude. Un roman qui parle de la nature, de la faune et de son importance pour les hommes.
J'ai beaucoup aimé et je remercie Edyta qui a bien voulu me prêter son exemplaire. Quand à Olga Tokarczuk, c'est une auteur que je retiens et suivrait.
source: bookinstitute.pl |
Olga Tokarczuk (née en 1962) a étudié la psychologie à l'université de Varsovie puis pratique comme thérapeute. Depuis 1997, elle se consacre à l'écriture. Plusieurs de ses romans ont été traduits en français.
(éd. Libretto, traduit par Margot Carlier, 282 pp., 2012)
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keisha