Der Tod liebt die Oper - Edith Kneifl
Ein historischer Wien-Krimi
La semaine passée, j'ai passé un jour et demi à Zürich et, lors d'un repas de midi, j'ai discuté avec une vieille dame plutôt chic attablée à côté. La discussion a débuté lorsque je lui ai demandé ce qu'elle mangeait - cela semblait bien appétissant -, et, de fil en aiguilles, nous avons papoté en allemand durant une heure, de tout et de rien. Si elle vit à Winterthur depuis de nombreuses années, elle venait de Finlande et avait suivi son époux suisse ici. Plusieurs fois durant la discussion, elle m'a dit que mon allemand est fliessend (fluide), ce qui avait l'air de la surprendre un peu, je dois bien le dire. Je lui ai expliqué que je pars du principe que, oui, je fais des fautes mais je n'hésite pas à essayer d'exprimer ce que je veux, car si je me bloque ou hésite à chaque fois sur une déclinaison ou autre, je devrais rester muette comme une carpe (ceux d'entre vous qui ont étudié l'allemand connaissent certainement les cas de conscience que peuvent être le datif, accusatif, génitif - argh...!).
source: site auteur |
La semaine passée, j'ai passé un jour et demi à Zürich et, lors d'un repas de midi, j'ai discuté avec une vieille dame plutôt chic attablée à côté. La discussion a débuté lorsque je lui ai demandé ce qu'elle mangeait - cela semblait bien appétissant -, et, de fil en aiguilles, nous avons papoté en allemand durant une heure, de tout et de rien. Si elle vit à Winterthur depuis de nombreuses années, elle venait de Finlande et avait suivi son époux suisse ici. Plusieurs fois durant la discussion, elle m'a dit que mon allemand est fliessend (fluide), ce qui avait l'air de la surprendre un peu, je dois bien le dire. Je lui ai expliqué que je pars du principe que, oui, je fais des fautes mais je n'hésite pas à essayer d'exprimer ce que je veux, car si je me bloque ou hésite à chaque fois sur une déclinaison ou autre, je devrais rester muette comme une carpe (ceux d'entre vous qui ont étudié l'allemand connaissent certainement les cas de conscience que peuvent être le datif, accusatif, génitif - argh...!).
Bref, toute requinquée par cet agréable moment, je me suis dit que je n'allais pas m'arrêter en si bon chemin et m'offrir un roman. Étant donné qu'il y a un moment que je n'avais pas lu en allemand, j'ai décidé de commencer "facile" en choisissant un Krimi - un roman policier. Dans ce rayon, le choix de la littérature germanophone, sans compter les auteurs traduits, est, comme pour la littérature francophone, fort large. Ceci dit, lorsque je lis en langue étrangère, je tiens à choisir un/e auteur dont c'est la langue d'expression et non pas une traduction. Cécile a récemment présenté deux romans policiers de Rita Falk (ici et ici) qui me tentaient bien. Je les ai trouvés mais j'avoue que, en lisant au hasard quelques pages, j'avais l'impression de ne pas y comprendre grand chose - ce qui n'était pas pour me rassurer. Peut-être sont-ils mâtinés d'un peu de dialecte bavarois (paraît-il très difficile à comprendre, même pour les Allemands) ? Comme je l'ai dit, le choix étant grand, je me suis finalement décidée pour La mort aime l'opéra - un roman policier historique viennois d'Edith Kneifl, et je ne l'ai pas du tout regretté.
Après cette longue tirade introductive, il faut que je vous raconte un peu de quoi il retourne si j'entends vous tentez.
Après cette longue tirade introductive, il faut que je vous raconte un peu de quoi il retourne si j'entends vous tentez.
Vienne, 1880, à la première d'Otello de Verdi. Le ténor Salvatore est assassiné sur scène d'un coup de poignard. Le commissaire principal a tôt fait de fortement suspecter Jakob Doma, le second ténor, qui était également l'ancien amant de la première soprano, Maria Cerrutti, en couple, depuis lors avec Salvatore. Mais la comtesse Marie Luise von Batheny, qui a un faible pour Doma, supplie son demi-frère, Gustav von Karoly, détective privé, de trouver le vrai coupable. Von Karoly est ami avec le commissaire principal depuis qu'ils ont collaboré sur de précédentes enquêtes (ce roman est le quatrième de la série). Qu'est-ce qui se cache réellement derrière ce crime ? De la jalousie, comme le pense la police, vengeance ou concurrence entre les chanteurs ? Et quel rôle joue Alma Lang, la meilleure amie de Maria et seconde soprano ? Et si c'était un acte antisémite commis par le souffleur Penzo ? Entre le Café Sacher, le Prater, l'opéra et un second crime, celui de Maria, von Karoly mène l'enquête, plus ou moins aidé par sa demie-soeur. Une association qui ne plaît d'ailleurs pas à leur père qui demande à Gustav d'éloigner Marie Luise du danger après qu'elle est été victime d'une agression dans un parc. Plusieurs "aventures" similaires arrivent d'ailleurs à Gustav mais cela n'inquiète bien moins leur père qui a quitté la mère de Gustav avant sa naissance. Leurs relations sont donc plus "fluctuantes" que celle avec sa fille "légitime". Car même si Gustav héritera du titre de comte à la mort de son père, pour l'instant, ses revenus sont bien moindres que ceux de sa demie-soeur, et il doit vivre avec sa tante paternelle Vera, féministe engagée dans la lutte pour l'accès des femmes aux études de médecine. Un sujet qui ne laisse pas Gustav insensible, puisque son amie Dorothea a dû partir à Zürich pour pouvoir faire ses études. Quoi qu'il en soit, Gustav et Marie Luise partent donc en villégiature sur la cote croate (alors partie intégrante de l'empire austro-hongrois). Un choix de destination pas si innocent, car c'est justement là-bas que sont partis les principaux suspects.
Un roman tout à fait charmant, dans le style de la série "Max Liebermann" de l'anglais Frank Tallis - en passant, si vous ne la connaissez pas, foncez, c'est excellent et traduit en français.
Si l'intrigue est plutôt lente, voire un simple prétexte, j'ai beaucoup apprécié les descriptions du contexte historique, des petites manies des uns et des autres, de l'ambiance "fin de siècle" et "Sécession viennoise" (vous lirez les noms de Gustav Mahler, Freud et Toscaninni notamment).
Selon mes recherches, un roman de Kneifl a été traduit en français sous le titre Un été à Trieste, mais j'ignore s'il s'agit d'un de ses romans historiques ou d'un de ses thrillers. Mais si vous avez quelques connaissances d'allemand (je dirais qu'il faut un niveau B2 au moins), n'hésitez pas à la lire en v.o. - pour ma part, elle a déjà un goût de reviens-y.
Edith Kneifl (née en 1954) est une auteur autrichienne qui a étudié la psychologie et l'ethnologie à l'université de Vienne. A côté de ses romans, elle travaille comme psychanalyste. Plus d'info sur son site.
(Haymonverlag, 264 pp., 2017)
Un roman tout à fait charmant, dans le style de la série "Max Liebermann" de l'anglais Frank Tallis - en passant, si vous ne la connaissez pas, foncez, c'est excellent et traduit en français.
Si l'intrigue est plutôt lente, voire un simple prétexte, j'ai beaucoup apprécié les descriptions du contexte historique, des petites manies des uns et des autres, de l'ambiance "fin de siècle" et "Sécession viennoise" (vous lirez les noms de Gustav Mahler, Freud et Toscaninni notamment).
Selon mes recherches, un roman de Kneifl a été traduit en français sous le titre Un été à Trieste, mais j'ignore s'il s'agit d'un de ses romans historiques ou d'un de ses thrillers. Mais si vous avez quelques connaissances d'allemand (je dirais qu'il faut un niveau B2 au moins), n'hésitez pas à la lire en v.o. - pour ma part, elle a déjà un goût de reviens-y.
source: site auteur |
Edith Kneifl (née en 1954) est une auteur autrichienne qui a étudié la psychologie et l'ethnologie à l'université de Vienne. A côté de ses romans, elle travaille comme psychanalyste. Plus d'info sur son site.
(Haymonverlag, 264 pp., 2017)
Commentaires