Idylle avec chien qui se noie - Michael Köhlmeier
Le lendemain matin, nous commençâmes à travailler sur mon manuscrit. Le Dr Beer proposa d'aller nous installer dans l'atelier. Il ne voulait pas y dormir, mais il ne refusait pas d'y faire les cent pas en livrant ses commentaires à haute voix. Les deux pièces où je travaille sont à côté du salon et de la cuisine, et l'idée que Monika pût l'entendre jouer au dompteur en train de me faire bondir au-dessus de mes phrases lui était manifestement désagréable. (p. 40)
source: laprocure.com |
Une novella (90 pages) très agréable à lire et dont l'atmosphère particulière m'a beaucoup plu. Le narrateur est un écrivain qui vit retiré dans la campagne autrichienne du Voralberg. Son éditeur, le Dr Beer, lui rend visite pour travailler sur son manuscrit. Il pénètre ainsi dans l'intimité du couple formé par l'écrivain et son épouse Monika. Une intimité harmonieuse mais marquée par le décès accidentel de leur fille Paula.
L'écriture est ciselée, le texte très beau, à la fois poétique et pudique, traversé de phrases drôles et toujours cette atmosphère étrange.
Apparemment, le texte est inspiré de faits réels puisque la femme de Köhlmeier (né en 1949) s'appelle Monika (l'auteur Monika Helfer) et que leur fille Paula est décédée en montagne. Après des études de sciences politiques, de germanistique, de mathématiques et de physique, Köhlmeier travaille à des pièces radiophoniques puis publie ses premiers romans. Il a reçu plusieurs prix. Si son roman (traduit au début de cette année) Deux messieurs sur la plage ne me tente pas du tout (un peu bêtement, car c'est tout simplement que je n'aime pas Chaplin), je pourrais me laisser tenter par Ta chambre à moi (2000).
Michael Köhlmeier et Monika Helfer / source: ksta.de |
Monter là-haut avec Monika m'est difficile. ça ne changera jamais. Nous passons devant l'endroit où Paula et son amie ont fait leur chute. Son amie s'en est sortie avec de légères égratignures, la tête de Paula a heurté un rocher. Elle n'a jamais vraiment été de ce monde, dit Monika, elle n'a jamais touché la terre que de la pointe des pieds. (p.67)
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