L'intérêt de l'enfant - Ian McEwan
J'ai refermé ce roman pleine d'admiration; c'est un gros coup de cœur, sans conteste ce que j'ai lu de meilleur cette année !
Fiona Maye, juge à la cour du droit de la famille, 59 ans, est passionnée par son travail, si bien qu'elle finit, sans s'en apercevoir par peu à peu s'éloigner de Jack, son époux universitaire. Et ce n'est pas la nouvelle affaire urgente qu'elle doit traiter qui va améliorer les choses. Fiona doit en effet trancher sur la requête d'un hôpital qui souhaite transfuser Adam, un adolescent de dix-sept ans atteint d'une leucémie. Son état s'est rapidement dégradé mais ses parents et lui-même refusent la transfusion sanguine qui pourrait le sauver, car interdite par leurs croyances religieuses (Témoins de Jéhovah). Avant de trancher, Fiona décide d'aller rendre visite à Adam.
- "Il y a une autre éventualité. Je dois m'assurer que vous l'avez envisagée. Non pas la mort, Adam, mais une guérison partielle. Vous risquez de perdre la vue, de souffrir de séquelles neurologiques, ou bien ce sont vos reins qui lâcheront. Est-ce que cela ferait plaisir à Dieu, de vous savoir aveugle, débile, ou en dialyse pour le restant de vos jours ? (...)
- Je détesterais ça, je détesterais". Il se détourna rapidement dans l'espoir de cacher les larmes qui lui montaient aux yeux. "Mais si c'est ce qui m'attend, je dois l'accepter." (pp. 119-20)
Je n'en dirai pas plus mais sachez que ce court roman ne se focalise nullement que sur ce point - et c'est d'ailleurs quelque chose que j'ai grandement apprécié. La thématique de l'intérêt de l'enfant est bien sûr mise en avant et très intéressante, mais toute la première partie développe les relations entre Fiona et Jack, le travail de Fiona.
source: theguardian.com |
C'est d'une grande beauté, une intrigue maîtrisée, une ambiance magnifique; j'ai adoré les décors et, cerise sur le gâteau, Fiona est bonne pianiste et se produit de temps à autre avec Mark, un avocat ténor dans ses moments libres. Le final relate d'ailleurs leur concert de fin d'année et la musique sert de vecteur à la compréhension de Fiona, de sa relation à Adam, à Jack, à elle-même. C'est absolument superbe !
(éd. Gallimard, traduit par France Camus-Pichon, 229 pp., 2015)
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