Echapper / Lionel Duroy
Voici (encore) un livre que j'ai aimé, même plutôt beaucoup, mais dont je suis bien en peine d'exprimer le pourquoi. Est-ce si grave ? Probablement un mélange entre les phrases très belles, souvent poétiques et l'atmosphère "vent-pluie-soleil" du nord de l'Allemagne.
Ce matin, je me suis réveillé avec l'appréhension de ne pas écrire, de ne pas trouver mon livre. Il était tard, neuf heures dix, et en somme je n'écrivais pas, je ne faisais rien. J'ai ouvert les rideaux et constaté qu'un vent violent secouait les grands pins devant mes fenêtres, charriant des tourbillons de pluie fine. (p. 11)
Il s'agit des deux premières phrases du roman dans lequel Augustin, romancier - apparemment un double fictionnel de Duroy - s'est exilé dans le nord de l'Allemagne sur les pas du paysage, des lieux et des personnages de La leçon d'allemand, le célèbre roman de Siegfried Lenz (1926-2014), avec la vague idée de peut-être en écrire la suite. En réalité, il fuit, il tente d'échapper à sa seconde épouse, son éditeur, ses enfants.
J'ai beaucoup aimé le rapport au livre de Lenz (un très bon souvenir de lecture mais pas mon favori de Lenz) et celui au peintre Emil Nolde (1867-1956) qui a servi de modèle au peintre du roman de Lenz, la relation Augustin / Suzanne / Klaus.
La mer dans l'obscurité / Emil Nolde (sddd) - source: le-semaphore.blogspot.com |
J'ai remis les tirages à leur place, refermé le secrétaire, et suis sorti dans la cour, attiré par la lumière. Le ciel était entièrement dégagé et le soleil d'hiver, au ras du toit, avait commencé à sécher les pavés sous le vieux porche. J'ai sorti une chaise et je me suis assis là, entre la court et la rue, offrant mon dos aux rayons tièdes. (p. 111)
Quelques longueurs sur la fin mais un auteur que je relirais probablement.
Lu pour le Prix Elle 2016.
(éd. Julliard, 277 pp.)
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