Prises - Stephan Enter
"Il la trouvait formidable - il la trouvait insupportable. Une comète, un missile incontrôlable. Elle aimait les gens qui étaient indifférents à ses sarcasmes. elle aimait les gens qui avaient une mission, des convictions inébranlables - à la condition qu'il n'y a eût derrière aucun calcul." (p. 97)
Iles Lofoten, Norvège - source : surleshauteurs.com |
Après avoir repéré ce livre dans les nouveautés de l'éditeur, je me réjouissais beaucoup de le lire; son intrigue me tentait beaucoup : les retrouvailles de quatre amis qui faisait de l'alpinisme lors de leurs études (entre autres sur les îles Lofoten en Norvège, d'où l'image ci-dessus). Ils ont à présent la quarantaine et se retrouvent au Pays de Galles, chez Martin et Lotte qui se sont depuis mariés. Vincent travaille à Tokyo et Paul est resté en Europe.
Je me réjouissais mais j'ai été déçue malgré les très belles (et nombreuses) pages du roman. En fait, je crois que ce qui m'a déçue, c'est que la construction ne correspond pas à ce que j'avais imaginé. Je me disais "ok, ils vont se retrouver et ce sera l'occasion de joie puis de quelques engueulades et reproches autour d'un repas, chacun va y aller de ses reproches et regrets, puis quelques jours de froid et tension, et finalement certainement un rabibochage et un au revoir sur une bonne note".
Et bien j'ai eu tout faux, car le roman est divisé en quatre partie : la première est relaté par Paul, puis c'est Martin qui prend la parole, puis Vincent et enfin à nouveau Paul. Et Lotte, me direz-vous ? Lotte, la formidable de l'extrait ci-dessus, est présente tout au long du texte mais en arrière-plan, une silhouette qui est pourtant une présence importante pour chacun des trois hommes. Paul est le seul qui l'a vue tomber dans une crevasse lors d'une randonnée; c'est lui qui l'a sauvée. Martin est devenu son époux; ils ont une petite fille. Vincent était son petit-ami à l'époque.
Et presque tout le roman se déroule durant le voyage en train que font ensemble Paul et Vincent depuis Bruxelles, et celui de Martin avec sa fille vers la gare galloise pour aller chercher ses amis. Le roman fait 240 pages et les retrouvailles (et encore, sans Lotte) n'ont lieu qu'à la page 200 environ. J'étais donc déstabilisée mais en même temps, on ne peut pas dire que l'auteur est tombé dans le cliché du roman de retrouvailles.
source : vanoorschot.nl |
Je le répète, de très belles pages de souvenirs, de randonnées, de paysage, de voyage, de sentiment. A vous de voir !
(éd. Actes Sud, traduit du néerlandais par Annie Kroon, 2015)
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