Mr Gwyn - Alessandro Baricco

C'est la première fois que je lis un roman de Baricco et je suis complètement sous le charme ! J'ai beaucoup aimé son style simple avec plusieurs touches d'humour, ses personnages attachants et l'intrigue. 

L'écrivain Jasper Gwyn a décidé d'arrêter d'écrire. Après quelques mois d'errance, il se rend compte que l'écriture, le geste d'écrire, lui manque et il décide de devenir copiste, c'est-à-dire d'écrire le portrait de personnes qui viennent poser pour lui, nues, quatre heures par jour pendant trente jours. Dans son atelier illuminé de dix-huit ampoules, simplement meublé d'un lit et de quelque chaises, et dans lequel on entend une musique spécialement écrite, Mr Gwyn se contente de les regarder, d'accumuler quelques notes avant de rédiger leurs portraits. Tom, son agent, n'est de loin pas convaincu mais Jasper est son ami et il le laisse tenter l'expérience.

Je sens que  je vais avoir du mal à parler de ce roman, alors voici un extrait :

- Essaie de m'expliquer ton projet, demanda-t-il (Tom, l'agent de Mr Gwyn)
- Je ne sais pas, j'ai pensé que cela me plairait de faire des portraits.
- OK, ça je l'ai compris.
- Naturellement, il ne s'agirait pas de tableaux. Je voudrais écrire des portraits.
- D'accord.
- Mais tout le reste se passerait comme pour des tableaux... l'atelier, le modèle, ce serait tout pareil.
- Tu ferais poser les gens ?
- En quelque sorte. (...)
- Un portrait dans quel sens ? Un description ?
Jasper Gwyn y avait réfléchi longuement. En effet, c'était le problème.
- Non, une description non, cela n'aurait pas de sens.
- C'est pourtant ce que font les peintres. S'il y a un bras, le peintre le peint, terminé. Et toi que ferais-tu ? Tu écrirais des choses du type "le bras laiteux s'appuie mollement" et cetera, et cetera ?
- Non, justement, ce n'est même pas envisageable.
- Donc ?
- Je ne sais pas.
- Tu ne sais pas ?
- Non. Il faudrait que je me mette en situation de faire un portrait, et alors je pourrais découvrir ce qu'implique exactement l'écriture par rapport à la peinture. Écrire un portrait.
- Donc, là, maintenant, tu n'en as pas la moindre idée.
- Si, j'ai des pistes.
- Lesquelles ?
- Je ne sais pas, j'imagine qu'il s'agirait de ramener chez elles ces personnes.
- Les ramener chez elles ?
- Je ne sais pas, je ne suis pas sûr de pouvoir te l'expliquer.
- J'ai besoin d'un verre. Ne me quitte pas, je t'interdis de raccrocher. (...)
- Tom ?
- Jasper, je peux être sincère avec toi ?
- Bien sûr.
- Ce livre promet d'être chiant comme la pluie. (pp. 43-5)

Ce qui n'est pas du tout le cas du roman de Baricco !
Beaucoup d'entre vous l'on aimé : Kathel, L'or des livres

(éd. Gallimard, traduit de l'italien par Lise Caillat, 184 pp., 2014)

Commentaires

une lecture merveilleuse, un coup de coeur immense pour moi !
Kathel a dit…
C'était aussi mon premier de l'auteur... quoique je me demande si je n'en avais pas commencé une fois. Bref, celui-ci est un petit bijou, quoi qu'il en soit.
claudialucia a dit…
Je ne vois pas ton billet en entier ni les commentaires de Clara et Kathy ? Que se passe--il?
niki a dit…
j"en avais déjà lu beaucoup de bien
Constance 36 a dit…
Charmée par Soie (que je te conseille vivement) je suis sûre que celui-là saurait me charmer...
céline a dit…
J'ai vraiment été complètement sous le charme de ce roman ! Une petite pépite à la fois drôle, poétique, surprenante et pleine de belles réflexions sur l'identité d'un être humain.
Mascha a dit…
Je n'ai jamais lu Baricco. Cet extrait donne envie! Je vais tenter de mettre la main sur son roman Soie, car j'avais aimé le film. ;)
lewerentz a dit…
Mascha : j'ai lu "Soie" en v.o.: il est bien mais j'ai préféré celui-ci.

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