Contrecoup - Rachel Cusk
« Dans mon état actuel, j’ai l’impression d’avoir
sauté d’un point très haut en pensant que je pouvais voler, mais qu’après
quelques instants tournoyants, j’ai compris qu’en fait, j’étais en chute libre. »
(p. 90)
L’extrait ci-dessus donne le ton du texte de Rachel Cusk, celui de sa
séparation avec son mari. Elle reste seule avec leurs deux filles dans leur
maison de Brighton et tente de se redresser mais aussi de se redéfinir dans sa
famille amputée ; elle reste une femme et une mère mais doit-elle aussi
devenir un père ? Elle le dit, dans son couple, c’est elle qui gagnait l’argent
mais doit-elle pour autant tout assumer ? (travail, ménage, éducation des
enfants, organisation des loisirs, etc.). De par sa nouvelle situation et aussi
le fait qu’elle est la première dans sa famille à divorcer, elle se voit un peu
comme un(e) traversti(e).
J’ai beaucoup aimé cet essai même si je partais avec une mauvaise
impression de l’auteur et que les premières pages très féministes m’ont fait peur (le style "plus royalistes que le roi", très peu pour moi). De
Rachel Cusk, j’avais lu Arlington Park
qui m’avait laissé indifférente (pas détesté mais de loin pas adoré non plus).
Récemment, j’ai vu les trois reportages de la "Ballade anglaise" de
François Busnel. Je l’avoue, je n’aime pas beaucoup son émission hebdomadaire, car je trouve qu’il essaie trop de se mettre en avant, au détriment des
auteurs. Mais bon, je ne l’ai pas vue souvent non plus. Mais une
ballade anglaise, cela, je ne pouvais pas louper même si j’étais un peu agacée
de constater que parmi les douze auteurs rencontrés, il n’y avait qu’une seule
femme. Et en plus Cusk, ce qui, après mon expérience AP, me
semblait un fort mauvais choix. Il me semble qu’il y aurait eu d’autres auteurs
femmes plus importantes, p.ex. Ruth Rendell ou P.D. James (sûrement pas assez
intellectuelles pour le sieur Busnel), ou Antonia S. Byatt. Mais bref.
En regardant l’émission, j’ai été touchée par Rachel Cusk, sa
sensibilité, ses doutes quant à la suite de sa carrière à cause de plusieurs
essais qui avaient été très attaqués par la presse britannique. Un moment
donné, j’ai presque cru qu’elle allait se mettre à pleurer. Cela m’a fait
réfléchir et j’ai décidé de lire un autre de ses livres, histoire de voir si j’accrocherais
mieux qu’avec AP. J’ai délibérément
pas choisi un roman et je ne regrette pas cette "découverte".
source : site The Guardian |
J’ai vraiment beaucoup aimé, si bien que je n’arrivais presque plus à reposer
le livre. Je regrette toutefois le dernier chapitre qui est une version "romancée, narrative", d’une séparation (la sienne ?). Le style était
fatalement différent et j’étais tellement bien dans l’essai que le changement a
été un peu "brutal".
Et vous, aimez-vous cette auteur ?
(éd. De l’Olivier, traduit par Céline Leroy, 175 pp., 2013)
Commentaires
J'ai trouvé ça terriblement sombre en tout cas ...
Elle écrit bien puisque parfois à la lire on ressent pratiquement un malaise physique parfois
Mais...quelque chose ne fonctionne pas vraiment...
Comme toi elle m'avait touchée ds l'émission d Busnel , à l'écrit elle est sacrément intello !