deux romans graphiques

Une case en moins – la dépression, Michel-Ange et moi / Ellen Forney   

Il y a quelques temps, j’ai parlé de C’est toi ma maman ? d’Alison Bechdel. Le roman graphique d’Ellen Forney m’y a fait penser par certains points communs (toutes deux illustratrices, bisexuelles, en analyse), et Bechdel est d’ailleurs citée dans les remerciements finaux. Mais j’arrête ici la comparaison, car si celui de Bechdel m’avait laissé un goût d’inachevé, celui-ci m’a beaucoup plus intéressée. 



C’est sa propre histoire que raconte ici Ellen Forney, celle de l’annonce de son diagnostic de bipolaire et son parcours de plusieurs années jusqu’à ce qu’avec l’aide de sa psychiatre, elle trouve les bons médicaments et surtout les bons dosages pour lui assurer un maximum de stabilité. Et elle nous met d’entrée dans l’ambiance en écrivant : « ça faisait déjà un certain temps que je voyais une thérapeute lorsque j’ai fait mon tatouage. Cela dit, peu après, elle me dirigea vers une psychiatre, considérant que mon état était plus sérieux. » (p. 23) Jusqu’à ce qu’elle puisse terminer son roman en écrivant « Bon, et sinon, tu vas bien ? La vie n’est pas toujours facile, mais ça va ! Et ouais… Je vais bien ! » (pp. 243-45) 

Entre ces deux scènes, on plonge dans sa vie affectée par les différents médicaments, ses relations amicales et familiales, son travail d’illustratrice, ses cours de yoga, ses balades dans la nature et le sport, des extraits de son journal intime, ses séances avec sa psychiatre. Le tout toujours avec beaucoup d’humour et d’auto-dérision. 

Un sujet certainement pas facile mais qui m’a beaucoup plu. 

(éd. Delcourt, traduction de Vincent Bernière, 2013)


3 Grammes – Jisue Shin 

Le jour même où j’ai emprunté ce roman, j’ai reçu ma réservation du Forney. C’est donc pas hasard que je me suis retrouvée avec deux romans graphiques traitant de l’expérience de la maladie. Dans son livre, la Coréenne Jisue Shin nous relate son combat contre un cancer de l’ovaire avec beaucoup de simplicité, aussi bien dans le dessin assez enfantin que dans le texte réduit à l’essentiel. Le traitement graphique est très différent du Forney – si je compare, celui-ci m’a encore plus séduit. Shin Jisue se dessine comme une petite fille, tous les dessins sont en noir/blanc sauf les dernières pages qui s’ouvrent sur sa guérison qui coïncide avec le retour du printemps. 


Si Forney n’a pas fait de séjour à l’hôpital, Shin Jisue relate sa vie à l’hôpital, l’opération, le manque de faim, les séances de chimiothérapie, le soutien de son petit ami, de sa mère et sa sœur. Elle le fait de manière très simple, sans misérabilisme. Autant le roman de Forney déborde (la plupart du temps) d’énergie, autant celui de Jisue est une "boule de douceur". J’exagère dans le sens où ce qu’elle a subit n’a rien de drôle mais je ne trouve pas les mots pour le dire autrement. 

Un coup de cœur ! 

(éd. Cambourakis, traduit par Françoise Nagel et Yeong-hee Lim, 2012)

Commentaires

cathulu a dit…
Je en suis pas très BD ni romans graphique d'ailleurs mais ton billet m'a convaincue: je note !
niki a dit…
j'aime beaucoup la couverture du 2ème roman - à tout hasard je note, mais comme je viens de passer à la librairie anglophone de bruxelles, mon portefeuille me hurle de ne plus rien acheter ;)
lewerentz a dit…
Cathulu: j'en suis ravie :-)
Niki: je compatis ;-)
Lor rouge a dit…
Tu sais à quel point j'apprécie les romans graphiques et les deux me tenteraient énormément. Peut-être avec une petite préférence pour le deuxième dont la couverture est sublime... Je note les deux tiens, je peux me le permettre j'ai noté peu de choses ce mois ;0) Gros bisous Lewerentz, je traverse une période de grosse fatigue en ce moment alors je suis moins présente chez vous, je ne vais sans doute pas tarder à faire une petite pause :0)

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