Mémoires gelées - Camilla Ceder
Un matin peu avant Noël, le cadavre d’un garagiste à moitié écrasé
est retrouvé par un vieil homme qui, chamboulé, demande à sa jeune voisine
Seja, étudiante en journalisme, de venir le chercher. Si elle ment d’abord à la
police en prétendant avoir découvert le corps avec son voisin dans le but d’accéder
à la scène de crime et obtenir des informations pour un futur article, elle finit
rapidement par avouer à l’inspecteur Christian Tell, chargé de l’enquête. Pas
insensibles aux charmes l’un de l’autre, ils finissent par avoir une liaison,
ce qui pourrait coûter sa place à Tell tant que l’enquête n’est pas close.
Quelques temps plus tard, lors de la fête de Noël de toutes les
polices de la région, Tell apprend d’un collègue qu’il enquête lui aussi sur un
meurtre très semblable. Trop semblable pour ne pas avoir de lien. Pourtant,
Tell et son équipe peinent à trouver le rapport entre les deux victimes. Seja,
elle, semble avoir une idée sur la question, car ce second crime a ravivé chez
elle des souvenirs de son adolescence et de la mort d’une jeune fille, un soir
à la sortie d’un club.
Le roman alterne des passages situés au milieu des années 90 avec d’autres
de nos jours. Si je me doutais bien que les deux histoires allaient finir par
se rejoindre, j’avoue que j’aurais préféré que cela survienne plus tôt ; l’intrigue
y aurait gagné en piquant. Non pas que je me sois ennuyée – pas du tout. Mais
je préfère prévenir que ce roman, comme souvent avec les auteurs scandinaves,
est autant axé sur le côté social que sur l’enquête.
« Il n’était pas pressé d’arriver à Noël,
période d’excès en tout genre : nourriture, boisson, réunions de famille.
Au moment où Bärneflod quittait sa maison de
Floda pour la mairie de Lerum, il venait en outre de surprendre sa femme en
tenue d’Eve. Il était entré par mégarde dans la chambre au moment où elle se
changeait. Elle avait fait un bon, lui non. Depuis quinze ans, Ulla dormait en
chemise de nuit entièrement couvrante, espérant vainement lui cacher son
délabrement physique, comme si son corps subissait une mutation exceptionnelle.
Elle n’était pourtant ni mieux ni moins bien conservée que la plupart des
femmes de soixante balais. Ça pendouillait, ça se creusait, quelques rides. Et
après ? Lui non plus n’était pas de première jeunesse.
Mais, bien sûr, en tant qu’homme, il plaçait sa
fierté dans son statut professionnel. Pour les bonnes femmes, tout était dans l’apparence
physique. Et puis elle avait toujours manqué de confiance en elle, Ulla.
Toujours eu peur du regard des autres. Contrairement à lui. Rien à foutre s’il
ne plaisait pas. En général, c’était réciproque. » (p.
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source : site de l'auteur |
Camilla Ceder est psychothérapeute et assistante sociale. Elle vit à
Göteborg.
(éd. 10-18, 2013)
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