La chimie des larmes - Peter Carey
A la lecture des
premiers chapitres, j’étais conquise par le style, l’histoire, les personnages,
et j’étais sûre de tenir un gros coup de cœur entre les mains. Les choses se
sont un peu gâtées ensuite mais l’ensemble reste de fort bonne tenue.
L’histoire ?
De nos jours à
Londres, Catherine Gehrig, une horlogère qui travaille comme conservatrice
spécialisée dans la restauration dans un grand musée, vient de perdre Matthew,
son amant depuis de longues années et qui travaillait aussi au musée. Ravagée
par la douleur, elle se laisse glisse vers l’alcool. Pour la "remettre à flots", Eric Croft, le
conservateur en chef qui était aussi un ami de Matthew et un des seuls au
courant de leur liaison (ce que même Catherine ignorait), lui demande de
reconstruire et rénover un automate complexe d’un cygne. Ce "jouet"
avait été commandé par un Henry Brandling, aristocrate anglais persuadé qu’il
aiderait son fils malade à guérir.
A partir de là,
les deux histoires sont reliés à travers les carnets de voyage qu’Henry écrit
pour son fils et que Catherine découvre dans les boîtes de l’automate et lit.
Cela paraît pas
mal, non ? Alors qu’est-ce qui m’a chiffonné ? Principalement la
direction que prend l’histoire une fois Henry arrivé au cœur de la Bavière et
ayant trouvé l’horloger capable de construire son canard. Il arrive avec les
plans réels du "canard digérateur" de Vaucanson (1709-82, mécanicien
et inventeur français). Il se retrouve à vivoter dans une scierie abandonnée et
rencontre de drôles de personnages. Il y a d’abord Sumper, l’horloger plutôt
rustre et qui semble mener Henry en bateau ; le jeune Carl dont les doigts
si agiles assistent Sumper et qui construit un cube bleu qui fascinera
Catherine (je n’ai rien compris à cette histoire…), Helga, la mère de Carl, et Arnaud,
un collectionneur de contes de fées. Soit je n’étais pas assez attentive, soit
je suis nulle et j’y comprends rien mais j’avoue que j’ai eu pas mal de peine
avec ces imbroglios dont j’avais l’impression qu’on me donnait que la moitié
des informations – mes antennes "lire entre les lignes" devaient
être passablement brouillées.
Bref, autant j’ai
aimé les pages avec Catherine (elle n’est pourtant pas un personnage
particulièrement sympathique, plutôt froide, mais on le mettra sur le compte de sa douleur), autant j’ai parfois lu en
diagonale quelques pages consacrées à Henry.
L'ouverture du roman :
Mort,
et personne ne me l’avait dit. Je suis passée devant son bureau et son
assistante sanglotait.
« Que
vous arrive-t-il, Felicia ?
-
Oh, vous n’êtes pas au courant ? m. Tindall est mort ! »
J’avais
compris « M. Tindall a tort ! » J’ai pensé : pour l’amour
du ciel, reprends-toi !
« Où
est-il, Felicia ? » C’était un peu désinvolte de dire ça. On était
amants depuis treize ans, mais M. Tindall était mon secret et j’étais le sien.
D’habitude, j’évitais son assistante.
Elle
avait la bouche toute barbouillée de rouge à lèvres et fripée comme une vieille
chaussette. « Où il est ? a-t-elle sangloté. Quelle affreuse, affreuse question ! »
Je
ne comprenais pas. J’ai redemandé.
« Mais
Catherine, il est mort ! » et la voilà repartie à sangloter.
(p. 11)
Mais je pense
quand même relire Carey, car j’ai beaucoup aimé son style.
Et vous,
connaissez-vous cet auteur ?
source : site web The Telegraph |
Peter Carey (né 1943)
est né et a grandi en Australie. Il commence des études en chimie et zoologie à
Melbourne, mais abandonne après un accident de la circulation et commence à
travailler dans la publicité tout en écrivant plusieurs romans qui ne seront
pas publiés – le premier roman est Bliss
en 1981. La consécration vient avec Oscar
et Lucinda (1988) qui remporte le Booker Prize, prix qu’obtiendra également
La véritable histoire du gang Kelly (2000). Il vit et enseigne la littérature à New York.
(éd. Actes Sud, traduit de l'anglais par Pierre Girard, 326 pp., 2013)
Commentaires
Cathulu: bon plan !
L'or : Hugo Cabret ? C'est quoi ? un auteur ? le titre d'un roman ?