Incurables - Lars Kepler
Après le
formidable La cité des jarres
d’Arnaldur Indridason, j’ai à nouveau fais une bonne pioche avec le génial Incurables de Lars Kepler !
Une jeune fille
est retrouvée sauvagement assassinée dans la chambre d’isolement d’un foyer
psychiatrique pour jeunes filles. Ses mains ont été posées sur ses yeux par le
tueur. L’infirmière de garde la nuit du drame est également retrouvée morte,
dans la grange attenante. La nouvelle pensionnaire, la jeune Vicky, a quant à
elle disparu mais sa chambre est découverte maculée de sang. Est-elle la
meurtrière ?
Peu après, une
voiture est signalée volée avec un jeune garçon de quatre ans, Dante, à son
bord. Est-ce Vicky qui cherche à s’enfuit ? La police locale est sur les
dents et l’inspecteur Joona Linna, de la police criminelle nationale est envoyé
sur place comme observateur. Il ne peut toutefois pas prendre les décisions car
il est sous le coup d’une enquête interne.
Dernier mystère :
qui est Flora, une prétendue médium qui affirme voir la jeune fille assassinée
et vouloir aider la police ?
Cent-nonante-cinq
chapitres très courts qui se sont révélés totalement addictifs pour moi. Le
style est direct, efficace et la tension est maintenue tout du long. Comme
toujours avec les auteurs scandinaves, le côté « peinture sociale »
est très présent, notamment par une critique vis-à-vis des institutions
médicales suédoises.
J’ai vraiment
beaucoup aimé ce roman policier, certes de facture classique, mais très sombre,
noir, violent. Une descente aux enfers dans « le tréfonds du psychisme
humain » (4e de couverture).
Un seul regret :
les derniers chapitres entièrement consacrés à Joona Linna et la mystérieuse
disparition, douze ans plus tôt, de sa femme et sa fille. Cet aspect de l’histoire
en soit ne m’a pas déplu mais j’ai regretté qu’il n’entrecoupe pas plus mêlé à
l’ensemble du texte.
Vivement
recommandé !
Extrait (pp. 51-52) :
« Joona
retrouve la lumière du soleil dans la cour. Le degré de violence infligé à cette jeune fille est inimaginable,
et pourtant, son corps était blanc comme un galet.
Gunnarsson
(le policier
en charge de l’enquête) avait dit que le
meurtrier avait fait preuve d’une grande brutalité. Selon Joona, le meurtre est
d’une violence presque désespérée, mais pas brutal au sens de sauvage. Les coups
étaient ciblés, le meurtrier avait effectivement l’intention de tuer, mais il a
ensuite manipulé le corps avec un grand soin. (…)
Le
cadavre a été allongé sur le lit, pense-t-il. Mais au moment d’être assassinée,
la victime était assise près de la table, en petite culotte.
Il
est improbable que les faits aient pu se dérouler sans le moindre bruit.
Dans
un endroit pareil, il doit forcément y avoir un témoin.
L’une
des pensionnaires a dû voir ou entendre quelque chose, se dit Joona en se
dirigeant vers la maisonnette. Quelqu’un a sûrement deviné ce qui se tramait, a
été témoin d’une menace ou d’un conflit. (…)
Il
se dit qu’il pourrait profiter de cette première entrevue pour tenter d’analyser
les relations qu’entretiennent les pensionnaires et découvrir ce qui se cache
sous la surface.
Souvent,
lorsqu’une personne a été témoin d’un fait, les autres membres du groupe ont
tendance à agir comme les aiguilles d’une boussole et à la désigner
inconsciemment.
Joona
sait bien qu’il n’a pas été mandaté pour mener des interrogatoires mais il doit
savoir s’il y a des témoins, se dit-il au moment de se baisser pour passer la
petite porte.
Lars Kepler est le pseudonyme d'un couple, Alexandra et Alexander Ahndoril, tous deux écrivains (nés respectivement en 1966 et 1967). Ce roman est le troisième paru en français avec l'inspecteur Joona.
(éd. Actes Sud,
2013, traduit par Hege Roel-Rousson)
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