Il pleuvait des oiseaux - Jocelyne Saucier
Pour un reportage
sur des forêts incendiées d’une région québécoise au début du 20e s., une photographe cherche à rencontrer Ted, un vieil homme qui y a survécu,
enfant. Il vivrait dans un ermitage reculé, au cœur desdites forêts. Sur place,
elle apprend sa mort mais fait la connaissance de Charlie et Tom, deux autres
marginaux qui ont tout quitté, changé d’identité, pour vivre à l’écart de la
civilisation. Contre toute attente, s’ils sont d’abord méfiants, les deux
hommes souhaitent ensuite l’aider dans ses recherches. Une relation qui se
transforme en une amitié lorsqu’arrive Marie-Desneige, une octogénaire tante de
Bruno, un ami de Tom et Charlie qui connaît leur retraite et les aide. La
vieille femme a passé quasiment toute sa vie dans un asile puis une maison de
retraite, délaissée et oubliée par toute sa famille. Marie-Desneige et la
photographe se lie d’amitié et devient intime avec Charlie. Elle peut
enfin vivre une vraie vie. Mais s’ils se sentent menacés, Tom et Charlie, ils n’en
font pas mystère, choisiront eux-même quand et comment ils mourront.
Je n’en dirai
pas plus sur l’histoire qui réserve quelques retournements de situation mais
est très belle, très touchante. Il y a beaucoup d’émotion, un étrange mélange
entre la robustesse, voire la sauvagerie, des hommes, la solidité de la
photographe et la douceur de Marie-Desneige.
Dans son nid douillet, elle l'entend qui tourne et se retourne dans son lit en quête de chaleur. Le froid est à couper au couteau. Le poêle fait ce qu'il peut, mais les nuits de pleine lune sont cruelles. Charlie se lève régulièrement pour ajouter de nouveaux quartiers de bois. Elle sait qu'il ne dormira pas, qu'il veillera toute la nuit sur le feu.
- Allez, viens, il fait chaud ici, tu gèles dans ton lit.
L'invitation est tentante. Il connaît la chaleur enveloppante de la fourrure. Mais dormir aux côtés de Marie-Desneige, dans l'intimité d'une femme, il ne peut pas, son corps refuse, c'est trop d'abandon.
Il se lève pour nourrir le poêle encore une fois et c'est son corps piqué au vif par le froid qui le conduit à la couche de Marie-Desneige.
- Tu vois, ce n'était pas si difficile, dit-elle en lui ouvrant son lit, et il s'étend à ses côtés, le frimas de leur haleine se rejoignant en une petite nuée blanche qui se perd dans la nuit.
Chummy vient les rejoindre. (Il s'agit du chien de Charlie)
Leur première nuit dans le nid de pelleteries. (p. 123)
Je suis
doublement contente d’avoir lu ce roman dans le cadre du mois Québec de Karin
et Yueyin, car il m’a permis de découvrir un tout petit bout de littérature québécoise
dont, je dois bien l’avouer, je suis quasi totalement ignorante. Je l’ai choisi au hasard sur l’étal des nouveautés de la rentrée et je suis
ravie d’avoir eu la main heureuse.
source : site L'actualité |
Jocelyne Saucier
(née en 1948) a étudié les sciences politiques et le journalisme. Il pleuvait des oiseaux est son
quatrième roman ; il a reçu de nombreux prix.
(éd. Denoël, 2013)
Le billet de Cathulu
Le billet de Cathulu
Commentaires
L'or : comme toi, je n'aime pas les lectures obligées mais je n'ai pas pris celle-ci comme telle puisque j'ai librement choisi le titre que je voulais lire.
Bon week end