Stabat Mater - Tiziano Scarpa
source : site Internet de l'école Curé-Antoine-Labelle |
Venise, début du
18e s. Cecilia est orpheline et vit à l’hospice (pour filles) de la
Pietà où elle a été recueillie par les sœurs et où elle se consacre
essentiellement à la musique, comme violoniste dans l’orchestre de l’institution.
Don Giulio, le compositeur responsable est vieux et sa musique se meurt ;
elle se répète. Les choses changent l’année de ses seize ans avec l’arrivée d’un
jeune compositeur, maître de chœur et de violon, Antonio Vivaldi.
Celui-ci s’est
rapidement et facilement mis les sœurs dans ses bonnes grâces et proposent aux
jeunes musiciennes des morceaux novateurs et toujours plus audacieux (Les quatre saisons, l’oratorio Judith, etc.). Sous sa direction, l’orchestre
qui était déjà bon va encore accroître sa renommée.
Ce court roman n’est
pas une biographie de Vivaldi mais un texte émouvant sur l’abandon, la
solitude, l’absence. Tiziano Scarpa aborde ces thèmes à travers les lettres que
Cecilia écrit la nuit à sa mère dont elle ne sait rien et qu’elle ne connaîtra
probablement jamais (il arrivait que certaines viennent récupérer leurs
enfants). Elle sait que ses lettres ne lui parviendront jamais mais lui exprime
quand même sa tendresse (parfois), sa haine, et surtout son désarroi face à sa
condition. Sa vie est confinée, elle ne sort pratiquement jamais de l’enceinte
de l’hospice (et si cela arrive, c’est masquée et accompagnée d’une
religieuse), elle sait qu’elle a peu de chance de se marier un jour et donc
quitter l’hospice, et la musique est son seul réconfort face à sa solitude. Peu
loquace, elle ne converse pratiquement qu’avec sa vision d’une femme dont les
cheveux sont des serpents (une des trois Gorgones de la mythologie grecque).
Selon le psychothérapeute Paul Diel (1893-1972), elle symbolise « l’ennemi
intérieur à combattre » et « la perversion de la pulsion spirituelle ».
Un état qui correspond bien à Cecilia.
C’est un très
beau roman, douloureux certes, mais avec de très beaux passages, notamment ceux
qui évoquent la musique (ceux qui m’ont le plus touchée).
Extrait :
« Vivre
par la musique une heure, jouant corps et âme, traversées par une rafale,
immergées dans l’orchestre en action dont nous sommes des éléments, prises à la
fois dans l’exécution et l’écoute de ce déferlement et de ces silences. Vivre
en une heure tout ce qui peut arriver à un être humain. » (p. 105)
Vivement
recommandé !
source : site internet Il corriere della sera |
Tiziano Scarpa (né en 1963) est écrivain et essayiste. Depuis l'enfance, il admire la musique de Vivaldi avec lequel il a un autre lien : il est né à Venise, dans le bâtiment qui était l'hospice de la Pietà.
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