L'armoire des robes oubliées - Riikka Pulkkinen
« Il
faut être charitable avec soi-même. S’il n’y avait pas de naïveté, tout se
conserverait toujours à l’identique. Aucun changement n’arrive, s’il n’y a pas
d’abord quelqu’un pour le rêver. Aujourd’hui je pense pourtant que les vrais
renversements prennent toute une vie, ils sont toujours silencieux et se
produisent quand personne ne regarde. » (p. 358)
Elsa est
atteinte d’un cancer en phase terminale et profite de chaque instant possible
avec son époux Martti, leur fille unique Eleonoora, et ses deux petites-filles,
Anna et Maria. Pour Anna, le mariage de ses grands-parents a été heureux. Mais
en trouvant une vieille robe oubliée dans un placard, elle va faire ressurgir le fantôme d’Eeva, une jeune
étudiante engagée comme garde d’enfant durant trois ans, dans l’enfance d’Eleonoora.
Il faut dire qu’Elsa est une psychologue renommée qui passe beaucoup de temps à
l’étranger pour donner cours et conférences; et Martti est un peintre moderne
célébré. Eeva va rapidement se lier à Eleonoora mais aussi à Martti qui
commence une double vie.
Ce que j’ai aimé
dans ce roman, ce sont surtout les évocations de paysages d’été, au bord d’un
lac, le sauna, la tarte aux myrtilles, la pêche, les jeux. Franchement, j’ai
bien envie de visiter la Finlande :-) Il y a beaucoup de beaux passages
méditatifs et poétiques avec de jolies réflexions sur la vie comme dans l’extrait
ci-dessus.
source : site voicilafinlande.fi |
J’ai eu un peu
plus de mal avec les personnages que, dans l’ensemble, je n’ai pas trouvés
assez développés. Elsa et Eleonoora m’ont plu ; elles sont touchantes.
Anna et Eeva, par contre, je ne les ai pas compris. Elles ont plusieurs points
communs, dont des blessures dont on ne nous nous parle qu’à demi-mots et j’ai
trouvé dommage que leurs histoires ne soient pas plus développées (celle d’Anna
notamment, car la blessure d’Eeva, on la comprend). En fait, je trouve que tous
les personnages auraient mérités d’être plus développés. Martti ne sait / veut
pas choisir entre deux femmes et sauf lorsqu’il discute avec Anna, il reste
toujours en retrait.
L’histoire
aurait aussi pu être plus développée ; il ne se passe finalement pas grand-chose. Dès la liaison commencée, on se
demande quand et comment elle va se terminer ; mais l’auteur "règle
les choses" en quelques lignes ; pas de crises de larmes ni de cris.
J’ai trouvé cela un peu raide même si je suis bien certaine qu’un roman qui
aurait aligné les scènes de ménage m’aurait profondément ennuyée.
L’histoire
bascule entre passé (fin des années 60) et présent ; la narration au passé
est à la première personne (c’est Eeva qui parle) et celle au présent l’est à
la troisième personne. J’ai aimé cela même si au début, j’étais un peu perdue.
Malgré ces
quelques défauts, l’ensemble dégage un charme indéniable. Il ne me
restera sûrement pas comme un souvenir impérissable mais une lecture agréable,
oui.
Source : site du magazine finlandais Anna |
Riikka Pulkkinen
(née en 1980) a étudié la philosophie et la littérature à Helsinki. Son premier
roman, Raja (2006 – traduit en
anglais), rencontre un beau succès et L’armoire
des robes oubliées (2010) est sélectionné pour un des prix les plus
importants de Finlande. Son troisième roman, Vieras (2012), devrait être traduit en français.
(éd.Albin
Michel / Le livre de poche, traduit du finnois par Claire Saint-Germain, 423
p., 2012)
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