L'appel des ombres - Belinda Bauer
Shipcott, Exmoor,
Cornouailles. Margaret Priddy, une vieille dame invalide après une chute à
cheval, est retrouvée morte, assassinée sans motif apparent. Une équipe de la
police du Somerset est envoyée sur place pour enquêter, menée par l’inspecteur
Marvel, un ancien de Scotland Yard qui ne s’habitue pas à la vie à la campagne
et n’a de cesse de rabaisser ses collègues. Jonas Holly, l’agent local est
utilisé comme simple planton mais l’affaire prend des tournures personnelles
lorsqu’il reçoit un billet disant « Et ça se dit de la police ? ».
D’autres meurtres suivent, dont les victimes n’ont pas grand-chose en commun si
ce n’est qu’elles sont âgées et apparemment inoffensives. A chaque fois, Jonas
reçoit un nouveau billet.
Sur le quatrième
de couverture de l’édition française, une critique du Sunday Times promet « un
des thrillers les plus haletants que vous lirez cette année ». A mon avis,
s’il est un adjectif qui ne colle pas à ce roman, c’est bien « haletant »
– roman que je ne qualifie d’ailleurs pas du tout de « thriller ».
Mais pas de déception en ce qui me concerne, car ce n’est pas du tout pour
cette raison que je l’ai acheté. Non, simplement parce que je suis toujours
curieuse de découvrir de nouveaux auteurs britanniques. Et d’ailleurs, j’ai
bien aimé !
Pas haletant
donc, car le rythme est plutôt lent et que j’avais plutôt l’impression de lire
une sorte de pastiche d’un roman policier de la Golden Age. Ce n’est qu’arrivée
à la page 330 que j’ai commencé à ressentir une tension (à ce stade, il en
reste cent). Au fil de ma lecture, je me suis demandée plusieurs fois où tout
cela allait bien me mener. Et pourtant, une fois commencé, j’avais bien du mal
à reposer le bouquin, car le style est génial. J’ai adoré ! Il mélange
habilement langage écrit et parlé, références littéraires policières et humour.
« Marvel
n’arrêta pas Peter Priddy, évidemment. Il ne le vit même pas. Il ordonna à
Reynolds de continuer le porte-à-porte dans Shipcott, puis passa la matinée à
engueuler divers imbéciles au QG dans le but de se faire attribuer un bureau
mobile. (…) L’après-midi venu, la brigade de Marvel
était au fait des tout derniers commérages. Contrairement aux clichés de cinéma
sur la vie insondable et sinistre d’un petit village, les habitants de Shipcott
semblaient tous avoir leur mot à dire sur l’auteur présumé du crime, et brûler
d’envie de mettre leurs mémoires hésitantes à l’épreuve des questions
concernant ce qu’ils avaient vu la nuit où Margaret Priddy était morte. L’équipe
se sentait débordée d’informations inutiles : commérages, théories à la
Miss Marple, et animosité. (…) Pour
comble, ils avaient cru à eux tous détenir trois pistes prometteuses. Il leur
fallut presque une heure pour se rendre compte que Ronnie-le-Bancal, Ron
Trewell et « le type à la démarche bizarre » n’étaient qu’une seule
et même personne – et un simple voleur de voitures, par-dessus le marché.
Malgré
tout, Reynolds nota soigneusement le nom, écrivit à côté dans son carnet « alias
Ronnie-le-Bancal (boite ?) », avec la fierté d’un membre du Club des
Cinq. »
(pp. 72-73)
En parallèle à l’enquête
de Marvel et les propres investigations « d’amateur » de Jonas, on en
apprend plus sur celui-ci et son épouse Lucy, brisée dans sa jeune vie par une
sclérose en plaques qui l’affaiblit de plus en plus. Le thème traité qui mène au tueur (je ne peux pas en dire plus !) est intéressant et j'ai trouvé dommage qu'il n'intervienne pas plus vite dans le roman.
Au final, j’ai
surtout aimé le style et les personnages, touchants et agaçants à la fois, l’ambiance
générale. Une bonne lecture mais pas indispensable.
Belinda Bauer
est né en Grande-Bretagne et a travaillé comme journaliste puis scénariste
avant de se consacrer à l’écriture. Elle a vécu en Afrique du Sud et aux Etats-Unis
avant de s’établir au Pays de Galles. Ses romans ont déjà reçu plusieurs prix.
(éditions 10-18, 2013)
(photo auteure : sur son site)
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