Le calme retrouvé - Tim Parks
Lorsque ce livre est
paru, il y a un an, j’avais eu très envie de le lire. Lire un écrivain parlant de médecines douces m’intéressait,
la couverture me plaisait beaucoup et l’auteur est Anglais. Je ne l’avais
jamais lu mais plusieurs fois vu ses romans en librairie et lu de bonnes
critiques. Je ne l’avais toutefois pas acheté. Et puis je l’avais oublié jusqu’à
l’autre jour, à la bibliothèque. Je l’ai cherché dans les romans ; pas
trouvé. J’ai fais une recherche dans le système informatique et découvert qu’il
était classé avec les livres « de médecine », les témoignages
médicaux. Je sais, ce n’est pas forcément prometteur.
Un jour, Tim Parks
ressent de vives douleurs dans le bas-ventre et ses nuits sont perturbées par de fréquentes envies d'uriner. Elles ne cessent pas et il se
lance dans toute une série d’analyses à l’hôpital qui ne trouve rien.
Médicalement et anatomiquement parlant, il n’a rien ; il est en bonne
santé. Mais les douleurs, elles, continuent. Parks fait une
recherche sur Internet pour tenter de savoir ce qu’il a et si d’autres
personnes présentes les mêmes troubles que lui. Il tombe sur un livre de deux
médecins américains intitulé « Un mal de tête dans le bassin ». Les
auteurs y parlent des exacts symptômes dont il souffre et Parks commande le
livre. A défaut de pouvoir faire un séjour dans la clinique des auteurs,
il tente de soulager ses douleurs en pratiquant la relaxation exposée dans le
livre. Et ça marche ! Pas suffisamment longtemps pour le guérir mais assez
pour le convaincre que son problème n’est peut-être pas physiologique mais que
le mental peut jouer une grande part dans le ressenti de douleurs. Après plusieurs
séances de shiatsu qui l’aident également, il part dans une retraite de cinq
jours de méditation.
A ce stade de mon résumé
(si vous y êtes parvenus ;-), vous vous dites peut-être que ce livre n’est
pas pour vous et que les théories new age… Pour être franche, j’ai moi aussi eu
peur un moment… inutilement, car Tim Parks reste très honnête, sceptique,
neutre face à ses différentes expériences de méditation ou de shiatsu. La
méditation l’a aidé à guérir mais il n’est pas pour autant devenu bouddhiste.
Il le répète plusieurs fois et j’ai apprécié cela. Et surtout, le texte est
drôle, notamment lorsqu’il décrit les analyses auxquelles il a dû se prêter (les analyses proprement dites, elles, devaient l'être beaucoup moins !) :
« Signor
Pax, pouvez-vous simplement nous dire si vous
avez ou non besoin d’uriner ? »
Il
y avait une note d’exaspération dans la voix
du jeune médecin.
Ce
qui me frappait, moi qui étais allongé sur le dos sous un énorme appareil de
radiographie, c’était la distance me séparant de l’équipe médicale ; son
matériel avait beau être sophistiqué, elle était à des millions de kilomètres
du désordre furieux qui régnait dans les organes qu’elle photographiait, de
l’écheveau de tourments à l’intérieur de ma tête. Peut-être qu’elle était à des
millions de kilomètres à cause du matériel.
« Signor
Pax…
-
Non, je ne peux pas vous le dire, ai-je répondu avec brusquerie. Et si je le
pouvais, je ne serais pas là. » (p.69)
Son parcours à
travers sa recherche vers la guérison se révèle surtout une façon de se
remettre en question. Il va même jusqu’à ce demander s’il doit continuer à
écrire.
« Je
me suis assis. J’étais content d’être revenu. Je me suis senti privilégié
d’avoir vu la salle quand tout le monde
était tellement immobile et concentré. Je me suis installé aussi
silencieusement que j’ai pu et j’ai fermé les yeux. Ma colère contre Coleman
s’était calmée. Il avait eu raison de douter de mes motifs pour vouloir être
assis droit. Je voulais prouver que j’en étais capable, à moi-même et aux
autres. De l’exhibitionnisme. (…) Le véritable changement serait peut-être de
cesser de vouloir m’impressionner moi-même avec tout ce discours sur les
changements radicaux. » (p. 287)
Ses réflexions
ne se limitent pas à sa propre personne mais font des parallèles avec des
textes d’autres auteurs, notamment Thomas Hardy, Samuel Coleridge et Samuel Beckett.
Ecriture, santé et personnalité sont toujours liées et donnent lieu à des pages
très intéressantes.
J’avoue
toutefois que vers la fin, j’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs,
notamment lorsqu’il raconte son second séjour de méditation. Cet extrait, dans
les toutes dernières pages, résume assez bien le livre :
« Après
une nuit modérément interrompue, je me suis levé avant six heures et dans le
noir je suis descendu dans la chambre qu’occupait autrefois mon fils. Les jours
devenant plus frais, j’ai enfilé un pull et un pantalon de survêtement, puis
j’ai réglé le réveil de mon téléphone portable sur sept heures. On ne peut pas
toujours avoir un gong tibétain. (…) Je laisse une couverture pliée par terre,
un coussin pour m’asseoir (…). Dans le silence, je ne prononce pas de formules ;
je ne cherche pas refuge dans le dhamma ni ne souhaite que tous les êtres
connaissent la joie compatissante. Je ne suis pas en dévotion. Mais en
inspirant profondément, j’ai conscience de la maison endormie autour de
moi : de Lucy dans la pièce à côté, de Rita sous la couette au premier, du
chien couché en rond dans son panier, de nous tous là-haut sur la colline,
tournés vers le sud face à la plaine italienne. » (p. 319)
Bref, j’ai
vraiment beaucoup aimé le style de Tim Parks et je compte bien lire un de ses
romans. Dans Le calme retrouvé, il y a tout un passage dans il raconte quelques
jours de kayak dans les alpes italiennes et suisses. Ce passage m’a
beaucoup plu et il se pourrait bien que je commence par lire Rapides ou Le
silence de Cleaver qui semble très bien aussi, ou... Il faut absolument que je découvre mieux cet auteur !
Et vous,
aimez-vous Tim Parks ? Qu'avez-vous lu ? Que me conseilleriez-vous ?
Tim Parks est né
à Manchester en 1954 mais à grandi à Londres dans une famille protestante (son
père était pasteur). Après des études à Cambridge et Harvard, il déménage à
Verone avec son épouse italienne. Outre l’écriture, il donne des cours de
littérature et traduction à l’université de Milan. Son œuvre comprend des romans, des nouvelles et aussi plusieurs essais, notamment sur l’Italie. Il est également traducteur.
(éd. Actes Sud, 2012, 322 p.)
(photo auteur : site The Telegraph)
Commentaires
L'Or : s'il est publié en poche, ce qui, vu le sujet, n'est pas garanti (marketing, marketing... ;-)