L'extase de Mariette - Ron Hansen

Etat de New York, 1906. Mariette Baptiste, une jeune fille de dix-sept ans appartenant à une famille de la petite bourgeoisie (son père est médecin), entre comme postulante au couvent de dont la révérende mère prieure est sa sœur aînée. Mariette est très sûre de sa foi ; elle attendait ce moment depuis longtemps, malgré la désapprobation de son père qui n’est pas croyant et estime « avoir payé sa part » en laissant sa fille aînée prendre le voile. Mariette est belle, fraîche, innocente, pure. Elle veut être parfaite dans ses prières et plaire aux sœurs. Peu après son arrivée, elle est frappée par l’extase et des stigmates. Si certaines sœurs sont en dévotion devant elle (les plus jeunes surtout), d’autres sont dubitatives, voire franchement hostiles. Qui est cette jeune fille qui prétend avoir l’honneur de voir et parler au Christ alors qu’aucune d’entre elles, enfermées dans ce couvent depuis si longtemps et priant sans relâche, n’a jamais eu de vision ? Ne simule-t-elle pas simplement pour se faire remarquer ? 

Le texte se développe tout au long d’une année religieuse rythmée par les différentes fêtes et célébrations. Si le synopsis et le début sont prometteurs, j’avoue avoir été déçue par le manque de développement. Evidemment, c’est un sujet un peu casse-gueule et je ne demandais pas une prise de position sur l’authenticité ou non des stigmates. Mais il manque quelque chose pour que le roman ne soit pas qu’il litanie de fêtes religieuses et dévotions. Un élément extérieur, par exemple le personnage du père aurait pu être plus exploité, ou la relation avec sa sœur également. Il y avait pourtant de quoi exploiter ce huis-clos féminin – je ne parle pas d’un thriller, mais d’approfondissement des thèmes et personnages (jalousie, ferveur religieuse, etc.). Mais plus je lisais, plus j’attendais quelque chose et plus je m’ennuyais car j’avais l’impression de relire encore une fois plus ou moins la même chose que quelques pages auparavant. 

Il y a pourtant de très beaux passages, au début de plusieurs « chapitres », de belles lignes très poétiques. Par exemple :  

« S’apercevant dans une fenêtre sur fond de nuit, une sœur ramène en arrière ses cheveux gris, puis presse les mains contre ses joues. Elle est horrifiée. Elle se retire. (…)
Des gouttes d’eau tombent sur les briques roses du cloître.
Jupe blanche, sandales noires, castagnettes. (…)
Un bleu électrique juste avant le lever du soleil, deux points de lumière au zénith La planète Jupiter. La planète Venus.
Les vaches jersiaises marchent vers l’étable à travers le vert anglais de la fléole des prés.
Déjeuner. Les sœurs mangent en observant le Grand Silence. » (p. 66)

Bref, une déception pour moi. Bien loin d’égaler le magnifique Dialogue des carmélites de Georges Bernanos.

source : site de la bibliothèque de Seyssinet-Pariset

Ron Hansen est né en 1947, a étudié l’anglais puis les religions à l’université. Parallèlement à l’enseignement universitaire, il est diacre dans l’église catholique. A côté de nouvelles, il a écrit des romans qui semblent très différents les uns des autres (si j’en juge par les titres) : outre celui-ci, il est l’auteur de L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ou encore La nièce d’Hitler

(éd.Libretto, 2012)

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