Lady Barberina - Henry James
Jackson Lemon, un jeune docteur américain
très riche, est tombé sous le charme d’une jeune marquise anglaise, Lady
Barberina, la fille du distingué mais désargenté lord Canterville qui n’est
cependant pas forcément prêt à donner la main de sa fille à un médecin -
profession honorée aux Etats-Unis mais méprisée par l’aristocratie anglaise.
Lady Barb semblant amoureuse, il l’obtient toutefois mais « à
l’anglaise », c’est-à-dire avec un contrat de mariage prévoyant une rente,
pratique inconnue en Amérique. Le couple s’installe à New York où la jeune
femme s’ennuie ferme et ne pense qu’à retourner en Angleterre, malgré les
incitations de son mari à recevoir leurs amis et se rendre chez eux. Il faut
bien reconnaître qu’elle ne fait pas beaucoup d’efforts et dénigre
systématiquement ou presque tout ce qui n’est pas anglais. Sa jeune sœur qui
les a accompagnés, Lady Agatha, par contre, s’entiche d’un vrai
« barbare » américain, scandale que Lemon ne peut se permettre
vis-à-vis de ses beaux-parents.
Le texte joue constamment sur les contrastes
Angleterre/vieille Europe et Amérique/nouveau monde. Un sujet que James connaît
bien puisque de nationalité américaine, il a passé presque toute sa vie en
Angleterre dont il obtient la nationalité un an avant sa mort. Jackson, sûr
(trop sûr) de lui se fera rouler par ceux qu’il croyait dépassés.
Je vous recommande vivement la lecture de la préface
de Catherine Rihoit qui relève un grand nombre de points intéressants,
notamment celui de l’usage fait par James des noms des personnages :
« a lemon » désigne un film raté ; « to canter »
signifie aller au petit galop (les Canterville ont plusieurs filles à marier
mais peu de fonds) ; « a barb » est un piquant.
La seconde novella, Les raisons de Georgina (1884) met
en scène la petite bourgeoisie américaine dont fait partie Georgina Gressie
(entendre « agresser » souligne C. Rihoit) qui s’éprendre du marin
Raymond Benyon (prononcé à l’anglaise, on entend « obedient », soit
obéissant, et la racine « ben », le fils – cf. préface). Pressentant
que cette union ne serait pas celle que ses parents souhaiteraient, Georgina se
marie secrètement à Benyon. Mais peu après, elle se retrouve enceinte en convainc une riche amie de la famille de
l’emmener dans son « grand tour » européen. Elles s’installent à
Gênes où Georgina donne naissance à un garçon qu’elle confie à une famille
paysanne de la région, puis rentre à NY.
Commence alors la seconde partie de l’histoire qui se
déroule environ deux ans après ces premiers événements. Au début, j’étais un
peu perdue, car il y a de nouveaux personnages dont je ne voyais pas le rapport
avec les premiers. Il s’agit des sœurs Theory dont l’aînée phtisique doit vivre
dans un climat chaud – l’Italie en l’occurrence. Le lien vient avec le
capitaine Benyon, toujours secrètement marié à Georgina mais dont il n’a plus
de nouvelles depuis son départ à Gênes, qui les rencontre et s’éprend de la
plus jeune. Lors de la visite d’un musée avec la belle-sœur des deux femmes, il
voit le portrait d’une Mrs Roy qui ressemble à s’y méprendre à Georgina – ce
que lui confirme la belle-sœur qui l’a connaît : Georgina vit sans honte
aucune dans la bigamie ! (ce que son second mari ignore, bien entendu).
Benyon voit alors l’occasion de la faire chanter et part la retrouver pour
demander le divorce.
Ce texte est assez sombre mais prenant, même si j’ai
détesté Georgina, froide et manipulatrice, égoïste.
La troisième novella, Dans la cage, a été
écrite presque quinze ans après les deux premières. C’est donc celle dont le
style est le plus proche du « style jamesien » par excellence, celui
d’un discours psychologique et d’une pensée en continu. Pourtant, c’est celui
qui m’a le moins plu. J’aime normalement beaucoup ce style de James mais là, je
l’ai trouvé confus, embrouillé et je m’y suis perdue. L’histoire est celle d’une
jeune femme télégraphiste à Mayfair (on ignore son nom, probablement car on est
plus bas dans l’échelle sociale) qui « épie » et invente la vie de
ses clients à travers leurs messages.
(éd. Archipoche, 2012)
(image : article wikipédia sur H. James)
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