Le cortège de la mort - Elizabeth George
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Pour
me faire lire un pavé (celui-ci comptabilise 1013 pages), surtout s’il s’agit
d’un policier, il faut presque obligatoirement que l’auteur s’appelle P.D.
James, Ruth Rendell ou Elizabeth George. Pourquoi cette réticence face aux
livres longs ? Parce que, fatalement, il y a toujours des passages moins
bons et que ces passages s’éternisent parfois jusqu’à m’ennuyer et me faire
abandonner. Je crois que les deux seuls livres que j’ai trouvé excellents de
bout en bout sont Le temps où nous chantions de Richard Powers (1046
pp.) et Germinal d’Emile Zola (un modeste 503 pp.). Aimant beaucoup E.
George, je n’avais donc pas trop d’inquiétudes. Et je dois bien avouer que je
n’ai pas vu passer les 500 premières pages. Un soir, en refermant le livre, je
me suis aperçue toute étonnée que j’en étais déjà à la moitié.
L’histoire
démarre avec le compte-rendu de l’arrestation de Michael Spargo, un jeune
enfant d’une banlieue difficile, d’une famille difficile, et qui n’hésite pas à
faire l’école buissonnière avec deux camarades. On devine que l’histoire est
ancienne et, au fur et à mesure qu’elle entrecoupe le présent du livre, on
comprend que les trois garçons ont enlevé un jeune garçon dans un supermarché,
avant de le tuer « pour s’en débarrasser ». Ce fait rappelle l'affaire James Bulger, 2 ans, qui avait été enlevé et assassiné par deux garçons de 10 ans, en 1993 près de Liverpool.
Le
présent de l’histoire, lui raconte la découverte du cadavre de Jemima Hastings
dans un cimetière londonien. Drôle d’endroit pour se faire assassiner… Et une
enquête difficile et complexe qui commence pour Isabelle Ardery, la commissaire
intérimaire de Scotland Yard. Elle a de l’ambition et compte bien décrocher le
poste. Pour l’y aider, elle fait appel à l’inspecteur Lynley, toujours en arrêt
de travail à la suite du meurtre de son épouse (voir Anatomie d’un crime).
Celui-ci accepte provisoirement de retourner au commissariat et retrouve ses
collègues, dont le sergent Havers, son équipière de toujours. L’enquête
progresse rapidement et il s’avère que Jemima était nouvellement arrivée à
Londres de son Hampshire rural, qu’elle et son frère aîné sont orphelins,
qu’elle était plutôt instable sentimentalement parlant et qu’elle avait
d’ailleurs quitté du jour au lendemain son ami, leur cottage et son commerce
florissant de cup-cakes. Pourquoi ? C’est bien ce qu’est décidée à comprendre
son amie Meredith. Le livre se développe donc avec ces deux histoires, la
seconde étant encore divisée entre l’enquête à Londres (Lynley et Ardery) et
celle dans la New Forest du Hampshire (Havers et Nkata).
Je
n’en dirais pas plus, si ce n’est que, bien évidemment, tout fini par se mêler
et que, comme souvent, la psychologie des personnages prime sur l’intrigue. Car
malgré quelques longueurs, ce que j’aime aussi avec E. George, ce sont les
personnages récurrents qui évoluent au fil des romans. On les retrouve presque
comme des amis, on a envie de les suivre et voir quels chemins ils vont
prendre. Que ce soit Lynley qui reprend gentiment du poil à la bête et est
toujours entouré avec prévenance par ses amis (les St-James et Havers), ou
Havers qui se fait copieusement sermonner par Ardery sur son habillement
(quelques scènes cocasses de shopping), et ses relations avec sa petite
voisine.
Un
bon cru, donc, mais pas mon préféré si je considère le seul point de vue de
l’intrigue.
Née
au Etats-Unis et diplômée de littérature anglaise et de psychopédagogie,
Elizabeth George a d’abord enseigner avant de connaître le succès avec Enquête
dans le brouillard (1990). Une quinzaine de romans et nouvelles suivront.
Elle anime également des séminaires d’écriture.
(éd.
Pocket, 2011)
(photo
auteur : site web éditions Presses de la Cité)
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