Prince d'orchestre - Metin Arditi
Alexis Kandilis, un chef d’orchestre au succès
international, commet un impair avec un musicien lors d’une répétition en le reprenant vertement devant tout ses collègues. La solidarité entre musiciens est
forte et l’incident s’ébruite auprès de tous les autres orchestres que Kandilis
doit diriger dans les mois à venir, ainsi que dans la presse. Sa réputation
s’effrite et le lecteur découvre peu à peu l’arrogance du personnage, sa
suffisance vis-à-vis des autres, sa prétention. Autant sa formation a été
longue, autant sa chute est rapide. Son assurance jusque-là sans faille est
mise à mal, plusieurs de ses engagements sont annulés ; des événements
fâcheux à quelques mois de la parution d’un livre qui lui est consacré. Sans compter
qu’il perd beaucoup d’argent au poker dans un cercle de riches
industriels dont il essaie d’être les égaux tout en cherchant à les
impressionner. Afin de reprendre pieds, il se retire quelque mois dans un hôtel
genevois pour se reposer, puis dans une clinique, loin de sa femme et son fils
ainsi que de son imprésario. Dans son isolement, les souvenirs affluent,
notamment ceux de son enfance solitaire dans un internat suisse, loin de ses
parents restés à Athènes. Au bout de quelques temps, il est invité par deux
amies à habiter chez elles (il s’agit de Tatiana, la cantatrice de Victoria
Hall, et de Pavlina, le personnage de La fille des Louganis). Tout semble bien se passer, Kandilis se fait de nouveaux amis, s’intéresse
réellement à eux et se consacre à la composition. Mais ses blessures anciennes
sont-elles réellement guéries ?
J’ai adoré, notamment parce qu’on est dans l’univers de la musique classique – et en plus, l’intrigue se déroule à Genève ; que demander de plus ? ;-) Plus sérieusement, j’ai une nouvelle fois beaucoup aimé le style fluide et entraînant de Metin Arditi. Les thèmes abordés m’ont intéressés (musique, succès et perte, les relations humaines, fragilité des événements qui peuvent basculer en un rien de temps vers le bien ou le mal, etc.) et malgré tous les défauts du personnage, je l’ai plaint, j’ai espéré qu’il s’en sorte.
Extrait (p. 164) :
« Les déboires d’Alexis avaient fait le tour du monde symphonique. Depuis trente-cinq ans qu’il faisait ce métier, Ted avait appris à connaître les chefs. Tous, à des degrés divers, étaient difficile. Mais tous aimaient la musique. Ils étaient portés par elle, nourris d’elle. Ils vivaient à travers elle. Les grands plus encore que les autres. Sans doute même était-ce là ce qui faisait leur marque : la vénération qu’ils avaient devant la grande musique.
Alexis n’était pas dans ce cas. Lui avait été aimé de la musique, plus sans doute qu’elle n’avait jamais aimé personne. Il n’avait eu qu’à tendre la main pour connaître d’elle le mystère de chaque instant. Le secret de ses replis intimes. Mais dans sa frénésie de gloire, il n’avait pas imaginé qu’elle pourrait attendre de lui quelque chose en retour. Il s’était comporté avec elle comme un homme qui exploite l’amour d’une femme sans vergogne, tant il est persuadé qu’elle lui restera attachée toujours et quoi qu’il fasse, au point de tout accepter. Jusqu’à ce qu’un jour elle se dise que la plaisanterie a assez duré et le quitte. »
J’ai adoré, notamment parce qu’on est dans l’univers de la musique classique – et en plus, l’intrigue se déroule à Genève ; que demander de plus ? ;-) Plus sérieusement, j’ai une nouvelle fois beaucoup aimé le style fluide et entraînant de Metin Arditi. Les thèmes abordés m’ont intéressés (musique, succès et perte, les relations humaines, fragilité des événements qui peuvent basculer en un rien de temps vers le bien ou le mal, etc.) et malgré tous les défauts du personnage, je l’ai plaint, j’ai espéré qu’il s’en sorte.
Extrait (p. 164) :
« Les déboires d’Alexis avaient fait le tour du monde symphonique. Depuis trente-cinq ans qu’il faisait ce métier, Ted avait appris à connaître les chefs. Tous, à des degrés divers, étaient difficile. Mais tous aimaient la musique. Ils étaient portés par elle, nourris d’elle. Ils vivaient à travers elle. Les grands plus encore que les autres. Sans doute même était-ce là ce qui faisait leur marque : la vénération qu’ils avaient devant la grande musique.
Alexis n’était pas dans ce cas. Lui avait été aimé de la musique, plus sans doute qu’elle n’avait jamais aimé personne. Il n’avait eu qu’à tendre la main pour connaître d’elle le mystère de chaque instant. Le secret de ses replis intimes. Mais dans sa frénésie de gloire, il n’avait pas imaginé qu’elle pourrait attendre de lui quelque chose en retour. Il s’était comporté avec elle comme un homme qui exploite l’amour d’une femme sans vergogne, tant il est persuadé qu’elle lui restera attachée toujours et quoi qu’il fasse, au point de tout accepter. Jusqu’à ce qu’un jour elle se dise que la plaisanterie a assez duré et le quitte. »
Metin Arditi est né à Ankara en 1945 et vit à Genève
depuis de nombreuses années. Physicien de formation, c’est aussi un mécène et
il préside l’Orchestre de la Suisse romande. Ses romans ont obtenu de nombreux
prix.
(éd. Actes Sud, 2012)
(photo auteur : cooperation)
Commentaires
Cet auteur a l'art d'emmener ses lecteurs dans un univers particulier, j'ai noté plusieurs titres que j'espère trouver à la bibliothèque près de chez moi.
Bonne après-midi !