Jusqu'à pareil éclat - Anne-Lise Grobéty


Anne-Lise Grobéty est décédée ce mardi 05 octobre, à tout juste 60 ans. J'avais envie de lui rendre un "mini-hommage" en lisant un de ses textes.

Ce très court roman retrace l'enfance de Jade Chichester, une célèbre photographe, à présent âgée, mais qui accepte d'évoquer avec la narratrice les circonstances de sa première photo. Jade, née Lady Elizabeth Mary Victoria Arlington Chichester, passe son enfance dans un grand domaine de l'aristocratie anglaise. Si la maison et le parc sont vastes, sa vie est solitaire : sa mère, aigrie et délaissée par son époux, la repousse constamment, et son père est quasiment toujours absent. Elizabeth se réfugie alors dans les livres, les peintures, les objets, les fleurs qui l'entourent. Sa vie change avec l'arrivée de sa grand-tante, une photographe-aventurière, probablement homosexuelle, qui revient pour quelques semaines au domaine. Effarée de voir sa petite-nièce si solitaire, si peu éduquée et se comportant comme une petite sauvageonne, elle cherche à l'apprivoiser, à lui faire comprendre qu'un vaste monde existe au-delà des limites du domaines. Elle l'encourage à le découvrir et lui offre un appareil photo. C'est avec celui-ci qu'Elizabeth prendra sa première photo, un portrait tronqué de sa mère.

Une atmosphère éthérée, onirique baigne ce texte. Je l'ai trouvé parfois "bavard" (descriptions de la nature, p.ex.), mais plus j'avançais et plus je comprenais où l'auteure essayait de me mener. C'est un texte à la fois poétique et le récit d'une relation mère-fille difficile, sinon quasiment inexistante. Le fait que le seul portrait que Jade garde de sa mère soit tronqué montre qu'il ne suffit pas d'avoir un nom et une fortune pour exister dans le monde.

Anne-Lise Grobéty (1949-2010) est née à La Chaux-de-Fonds dans une famille ouvrière. Etudes au lycée puis à l'université de Neuchâtel (lettres). A dix-huit ans, elle publie son premier roman, Pour mourir en février, qui reçoit le prix Georges-Nicole. Ses romans et nouvelles suivants rencontrent également le succès, notamment Zéro positif, Infiniment plus, La fiancée d'hiver et La corde de mi. Elle a reçu deux fois le prix Schiller et a également écrit des textes pour la jeunesse. A côté de l'écriture, elle a également été députée (socialiste) au Grand-Conseil neuchâtelois.

(éd. Bernard Campiche, 2007)
(photo auteure : site web culturactif.ch)

Commentaires

Golovine a dit…
J'aime ton commentaire sur Anne-Lise G. dont j'aime la littérature, les interviews et la personnalité. Merci de cet hommage que tu lui rends. J'espère qu'il encouragera de nombreuses personnes à lire l'un ou l'autre de ses livres. Amitiés, bon WE-
zarline a dit…
Gloups! Jamais entendu parler de cette auteure. J'ai encore de nombreuses lacunes côté littérature suisse. Merci donc pour la découverte! Un petit mot également pour te dire que j'organise un mini challenge Dürrenmatt pour 2011 et comme je sais que tu apprécies cet auteur... Je fais un peu de pub quoi ;-)A bientôt!
lewerentz a dit…
Zarline: ah oui, Dürrenmatt, j'aime beaucoup. D'ailleurs, je vais bientôt voir une représentation de "La Panne". Je cours m'inscrire à ton challenge :-)

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