La douce colombe est morte - Barbara Pym

Par Golovine

Leonora est une anglaise bon chic bon genre, encore belle et très séduisante. Amoureuse des vieux livres, elle rencontre le jeune James Boyce et son oncle Humphrey, antiquaires, dans une vente aux enchères. Alors que son âge la destine plutôt à l’oncle, c’est de James que Leonora tombe amoureuse. C’est une idylle romantique et éthérée qui se noue entre eux. Elle est plutôt manipulatrice et lui tombe sous le charme de cette « créature exquise » qui l’intrigue et le fascine.

James entretient une liaison avec une jeune femme. Leonora manœuvre pour l’en éloigner. Elle arrivera à ses fins. James viendra même habiter dans sa maison, dans l’appartement juste au-dessus de chez elle. Leur vie est émaillée de promenades romantiques, d’escapades à la campagne le dimanche, de petits repas distingués préparés par Leonora et pris en toute simplicité dans la cuisine mais sur une nappe de dentelle de Bruges,évidemment, et de discussions sans fin sur les choses de la vie.

James entreprend un voyage professionnel en Europe, en France, en Italie. Il éprouve un sentiment de liberté, d’évasion et est heureux de se retrouver quelques mois seul, libre de son temps et de ses mouvements. Il rencontre un américain du nom de Ned avec qui il noue une liaison amoureuse et qui lui rendra visite à Londres après son retour. Leonora pressent immédiatement que Ned est son rival dans le cœur de James. Entre eux deux s’engage une discrète guerre à fleurets mouchetés que James subit de mauvais gré. Finalement, il déménage pour s’installer avec Ned. Leonora en souffrira énormément. Pour fuir la solitude, elle se rapprochera de l’oncle Humphrey, nouera une idylle avec lui et lorsque James, quitté par un Ned infidèle, tentera de renouer avec elle, elle sera d’une politesse glaciale, sans plus. Le temps de la résignation est venu pour elle.

Commentaires
Résumer s’avère difficile dans la mesure où les personnages, leur psychologie et les relations humaines qu’ils tissent sont bien plus importants que l’intrigue qui est plutôt un prétexte. C’est un point commun à tous les romans de Barbara Pym.

Lorsque le roman traduit est publié en français en 1987, en collection 10/18, La douce colombe est morte est préfacée brillamment par René de Ceccaty que je cite, car on ne saurait mieux dire :

"… La jubilation que le lecteur ressent à la lecture des romans de Barbara Pym s’explique, bien sûr, par leur humour et leur finesse psychologique, mais aussi par cette structure spécifique de l’analyse intérieure : avec un art subtil de la dérision, Barbara Pym fait sombrer ses protagonistes dans un brouillard, dont de menues révélations les délivrent. Cela implique que la trame anecdotique soit infime, mais que les coups de théâtre psychologiques soient innombrables …"

Morte à l’âge de 68 ans en 1980, Barbara Pym a connu un destin d’écrivain étrange. Publiée avec une belle régularité et avec succès dans les années 50, à partir de 1963, elle n’a plus trouvé d’éditeurs pour ses livres et est quasiment tombée dans l’oubli. A la fin de sa vie, renouveau radical. Le roman de son come back Quatuor d'automne, chronique implacable et bouleversante de la vieillesse, est publié, suivi de La douce colombe est morte qui avait été précédemment refusé par vingt maisons d’édition.

Barbara Pym ne s’est jamais mariée mais a eu de nombreuses relations amoureuses, très certainement platoniques, avec des hommes plus jeunes qu’elle, peut-être homosexuelles. Il y a dans La douce colombe est morte des situations équivoques et quelque chose de gentiment pervers qu’une lecture superficielle et désintéressée ne saurait faire découvrir.

J’ai déniché ce roman tout récemment dans une bouquinerie dont je vous parlerai à l’occasion. Vous aurez compris que je l’ai adoré et je sens que je vais me replonger avec délice dans d’autres romans de Barbara Pym.

J’espère vous avoir donné envie de faire de faire pareil !

Commentaires

Dominique a dit…
C'est un auteur que j'ai découvert dans les années 80 je crois grâce à "apostrophe" et j'ai lu beaucoup de ses titres, depuis quelques temps son nom ressort dans les blogs et c'est tant mieux car c'est un auteur très fin et subtil
niki a dit…
voilà un livre qui devrait me plaire ! un de plus!
tu es parfaitement parvenue à me donner envie de lire Barbara Pym, dont j'ai déjà un livre sur la LAL
Reka a dit…
Malgré que ce soit la collection 10/18 (que j'apprécie particulièrement) et que la psychologie et les relations humaines priment sur l'intrigue (ce que je recherche), ce roman me fait un peu peur... Je n'aime pas trop les imbroglios amoureux, c'est toujours trop théâtral à mon goût...
Ps : ça ne ressemble pas un peu à du Jane Austen, par hasard?
Bonne continuation ;)
Manu a dit…
Je suis une grande fan de Barbara Pym. Je n'ai pas encore lu celui-ci mais on me l'a offert et tu me donnes très envie de le lire.
Cecile a dit…
Tu en as déjà lu d'autres, non ? En tout cas, je ne connaissais pas toutes ces infos sur Barbara Pym. Cela donne un peu l'impression qu'il y a des faits autobiographiques.
maggie a dit…
Il faut absolument que je découvre cet auteur que j'ai repéré sur plusieurs blogs...

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